Ils s'appellent Yakoub, Adel ou Sofiane. Ils ont entre 10 et 15 ans. Qu'importe ! Ils sont à la recherche d'objets en plastique, surtout des bouteilles vides, des ustensiles de cuisine hors de service, des bouts en nylon... Où les trouver ? Un seul lieu les attire : les poubelles, les décharges publiques, les bacs à ordures. Ils privilégient le crépuscule pour faire leur randonnée. Partout, sur le dos un sac ou un grand sachet, ils fouillent les poubelles en quête d'objets usagers en plastique. Nous demandons à l'un d'eux ce qu'il fait. La réponse était simple, aussi simple et ingénue comme l'est leur âge. « Je ramasse tous les objets ou morceaux en plastique pour les revendre ». Nous avons demandé : « Combien cela rapporte-il ? » Et notre interlocuteur de répondre : « 10 ou 20 DA le kilo ». Pas besoin de lui demander pourquoi il fait ce genre de travail. Comme tous ceux rencontrés sur notre chemin, il appartient à une famille pauvre. Cela se voit aux vêtements éculés qu'il porte. Le jour, certains fréquentent ou l'école primaire ou le collège. Pour d'autres, cela fait bien longtemps qu'ils ont abandonné les études. Attirés par le gain ou pour se faire un peu d'argent, ils ne rechignent plus à la tâche. Ils ramassent des bouts de pain par-ci, du plastique par-là, et une fois le sachet ou le sac plein, ils s'en vont proposer leur « marchandise » à un collecteur. Le phénomène a fait tache d'huile, puisqu'il a attiré de nouveaux adeptes, dont certains ont préféré faire « la cueillette » de la ferraille. Cette dernière aussi constitue un créneau qui ne rebute plus personne. Ainsi, fer, aluminium, cuivre, tout est bon pour les collecteurs qui arrivent à se faire un peu d'argent, soit pour aider la famille, soit pour s'assurer leur propre entretien. Mais tous ces petits métiers, en fin de compte, ne sont pas durables et ne peuvent garantir une vie meilleure. Aussi, beaucoup, et nous l'avons constaté, se sont convertis en revendeurs de tabac et de cacahuètes. Ce n'est pas là encore une sinécure ou une occupation rentable. Mais devant l'érosion du pouvoir d'achat, qui a réduit nombre de familles à se contenter de bouts de pain pour vivre, ou plutôt pour subsister, quelle posture adopter pour la contourner ? Par les temps que voici, tout un chacun redouble d'ingéniosité pour gagner sa vie. Comme dit un vieil adage de chez nous : « La faim nous apprend à faire le pain ». Tant mieux pour tous ceux qui ont appris la leçon.