Abdelhamid Temmar s'accroche à sa stratégie industrielle, en dépit des critiques émises par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements a, néanmoins, admis qu'il était nécessaire de revoir certains axes de sa copie. Hier, lors d'un séminaire à Alger sur les industries agroalimentaires, M. Temmar a indiqué que son département a rectifié certaines priorités. « Le document final de la nouvelle stratégie vient d'être soumis à examen au gouvernement », a-t-il annoncé. « Il sera débattu après l'élection présidentielle », a-t-il précisé sur sa lancée. La semaine dernière, la sortie de Ahmed Ouyahia, qui avait qualifié la stratégie industrielle version Temmar de tromperie, avait surpris plus d'un. M. Ouyahia a déclaré que la « nouvelle stratégie industrielle a fait beaucoup plus l'objet de propagande que d'actions ». Il accepte de coopérer avec les opérateurs économiques qui lui reprochaient de ne pas les consulter et de les associer dans le cadre de l'élaboration de la fameuse stratégie. Il a annoncé hier qu'une équipe d'experts travaille au niveau de son département en collaboration avec ces industriels. Les patrons s'étaient, rappelons-le, insurgés contre ce qu'ils qualifient « d'attitude unilatérale » des pouvoirs publics. Le ministre a, en outre, fait part d'une révision sur l'échelle des priorités et placé les industries agroalimentaires sur le point culminant de la pyramide. Pour lui, « il est impératif de mettre en échec les importations pour pouvoir développer les industries agroalimentaires algériennes ». Les importations de produits alimentaires ont coûté à l'Algérie une somme de 8 milliards de dollars en 2008, contre 2,5 milliards en 2003. Les produits agroalimentaires constituent une proportion de l'ordre de 50% du total de la facture alimentaire du pays. Une situation qualifiée « d'extrêmement dangereuse pour le pays » par le ministre. Le ministre a estimé que l'Etat doit réguler le marché des importations des produits alimentaires. « Il faut mener une étude très précise sur les importations et promouvoir une politique de substitution », a-t-il préconisé. « Il n'est pas normal que nous continuons ainsi à importer massivement des marchandises qui viennent de pays qui sont moins bien placés que nous sur le plan des produits agricoles, alors que nous devrions être exportateurs », a-t-il ajouté. M. Temmar a également laissé entendre que des correctifs ont été apportés dans le volet relatif à la mise à niveau des entreprises privées. Il a indiqué hier que le rapport final de sa stratégie industrielle prévoit une approche concernant la mise à niveau des entreprises agroalimentaires à travers un programme plus large qui couvrira la technologie, la formation, les capacités d'exportation et la production. Il a estimé qu'une industrie agroalimentaire complète implique le développement de l'agriculture de façon que l'agroalimentaire puisse disposer d'inputs disponibles dans le pays. Ceci, alors qu'en juin 2008, il a reconnu publiquement que le gouvernement n'a pas pensé à mettre en place une politique de mise à niveau de l'agriculture dans sa stratégie industrielle.