L'amoncellement des détritus, les odeurs nauséabondes, la prolifération des moustiques, voire des rongeurs et l'état poussiéreux des chaussées donnent l'impression à un hypothétique visiteur que l'on y est résigné à reléguer au dernier rang l'hygiène des lieux, donc la santé des citoyens qui y vivent. Le nombre exagéré des chiens errants représente un danger réel pour les noctambules. Ils dérangent par leurs interminables aboiement les habitants des différentes cités qui composent ces deux quartiers tentaculaires. Les vaches sont, quant à elles, devenues partie prenante du décor, l'élevage des bovins étant semi reconnu dans cette partie de la ville dite pourtant urbaine, les défaillances constatées dans l'éclairage public et la vétusté du réseau de canalisation des eaux potables et usées sont à l'origine de la formation de mares d'eaux stagnantes et de gadoue. Idem pour l'aménagement urbain où l'on a constaté plusieurs anomalies, à l'instar des affaissements de quelques murs de soutènement et bordures et l'insuffisance, sinon l'absence, pour quelques ruelles des avaloirs. L'inexistence des trottoirs, des chaussées éventrées, les monticules de gravats répandus à travers les nouveaux lotissements, l'absence des espaces verts et l'insuffisance des aires de jeux sont autant de lacunes répertoriées par les citoyens de ces deux quartiers. Un citoyen nous a confié à ce propos que «Berrel Salah et Ahmed Loulou sont le résumé de toute cette dégradation du cadre de vie et de maux sociaux qui caractérisent la majorité des quartiers populaires de Souk Ahras, sauf que pour leur cas, l'on se contente de palliatifs au lieu de solutions.» La toute récente campagne de volontariat a réussi à drainer des dizaines de jeunes de Ahmed Loulou, encadrés par les élus de la commune et les représentants du mouvement associatif. Objectif : provoquer de nouveaux réflexes chez le citoyen et impliquer d'autres parties, à savoir la DLEP, la DUC et l'APC. Un élu nous a déclaré dans le même ordre d'idées que «les défaillances héritées depuis plusieurs décennies dans ces deux quartiers où nous reconnaissons que les problèmes sont légion trouveront solution grâce au concours de tous, loin des préalables partisans, de la surenchère et du discours propagandiste. Nous assumons les gestions antérieures, les erreurs comprises, pour peu que la volonté soit au rendez-vous et que les moyens déployés pour l'amélioration de ces cités depuis longtemps victimes de mesures ségrégatives soient mis en valeur.» Le chômage et la vie précaire que mènent les citoyens de cette partie de la ville ont à leur tour favorisé l'apparition d'autres phénomènes : vols par effraction, agressions à l'arme blanche, banditisme, alcoolisme et activités commerciales prohibées. C'est un chauffeur de taxi clandestin qui nous résume la situation, notamment à la cité Berrel Salah : «Je ne m'y aventure jamais la nuit à cause des groupes de marginaux qui sévissent jusqu'au petit matin. Plusieurs collègues y ont été délestés de leur argent et ensuite agressés.»