Avec l'ouverture des marchés (local et national) aux produits étrangers, d'aucuns ressentent et expriment ” l'urgence de promouvoir et valoriser la production.” ” En fin de compte, se dit-on, les efforts seraient vains si le citoyen consommateur ne prend pas garde à ce qu'il consomme et achète. C'est à lui de faire la part des choses et exiger un produit de bonne qualité, étiqueté selon la réglementation et garanti quant à sa teneur.” Mais jusque-là, cette corporation a méconnu son poids si déterminant dans un créneau très porteur et convoité. Inaugurant ce salon, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M. Saïd Barkat s'est adressé à la cinquantaine d'exposants venus des wilayas du centre du pays, leur rappelant que la conquête du marché se fera par une production qui se doit d'être de très haute qualité. “Pour l'huile, l'emballage en verre doit impérativement remplacer celui en plastique. Et avec l'aide des établissements de formation spécialisés et des laboratoires de contrôle et d'analyse, l'Etat, tout en encourageant la profession à s'organiser, établira des labels régionaux pour les produits oléicoles et apicoles et facilitera l'obtention des certifications appropriées “, a-t-il observé. M. Barkat a insisté, aussi, auprès des agriculteurs afin de recourir à des procédés de production rigoureux et scientifiques. En ce sens, le ministre a exhorté les professionnels et les responsables locaux pour attirer dans la wilaya de Tizi Ouzou, des PME et PMI capables d'apporter aux deux filières, un surcroît de technicité et de savoir-faire et rehausser le prestige de la production agricole locale. A titre indicatif (chiffres de services agricoles, 2005), l'oliveraie locale est de 32 448 ha (produisant 433 000 q d'olives par an) et 66 650 exploitations agricoles (tout statut confondu). En matière de modernisation, beaucoup reste à faire. Ainsi, sur les 449 huileries existant, 345 sont de type traditionnelles, 69 de type automatiques et 35 semi-automatiques. Entre contraintes et engouement Présent au salon de l'oléiculture et de l'apiculture, un représentant de l'institut technique de l'arboriculture fruitière et de la vigne (ITAF, Alger) nous dit à ce propos : ” L'huile doit être conditionnée dans des bouteilles en verre fumée, sinon ces caractéristiques seront altérées.” ” Si un jour, nous arrivions à labelliser l'huile d'olive, cela se ferait selon les terroirs et chaque localité aurait son label”, précise-t-il. Ce technicien regrette qu'à ce jour, le consommateur ne soit pas à l'abri de pratiques frauduleuses visant les catégories de l'huile d'olive, pourtant bien définies par le conseil oléicole international. “Une huile acide, piquante, dense ou très âgée, n'est nullement meilleure que celle plus fine, limpide et fraîchement produite. Il faut s'en tenir aux quatre catégories répertoriées (déterminées par l'acidité et le mode de production, notamment) et exiger du vendeur d'attester de ces qualités”, suggère-t-il. Pour sa part, M. Mohamedi, propriétaire d'une huilerie moderne à Tizi Ghenif, montée dans le cadre du dispositif FNRDA en 1999, dit avoir rencontré des difficultés à exporter son huile d'olive. ” Les pouvoirs publics font obligation de détenir un registre de commerce d'import-export pour pouvoir exporter cette huile. Et vous savez que la réglementation, en la matière, exige d'avoir un capital social de 20 millions de dinars pour ce type d'activité. Chose hors de portée pour moi”, affirme cet oléiculteur. ” Lors de ma participation au salon international des terroirs du monde, tenu à Paris en juin 2005, je suis rentré avec un important carnet de commandes pour des Français et autres. Tous ont reconnu que notre huile est excellente et veulent l'acheter. Mais voilà, en l'état actuel des choses, je ne peux le faire “, se désole notre vis-à-vis soulignant que son ” huile d'olive vierge”, telle que étiquetée sur des bouteilles en verre issues de sa chaîne de conditionnement, est aux normes en vigueur notamment l'acidité. Sur sa lancée, cet investisseur qui affirme employer entre 15 et 20 travailleurs saisonniers, signale que ” les agriculteurs laissent stockées leurs olives trop longtemps et cela ne manque pas d'altérer l'huile.” Selon notre source, le fellah paye la prestation de trituration en nature en concédant 2,5 litres d'huile pour chaque quintal d'olive trituré ou en espèce avec 400 DA le quintal d'olive. Au marché de gros, l'huile d'olive est cédée, en cas de bonne récolte, entre 130 et 140 DA/l, sinon, le cours atteint 180 voire 200 DA/l. Parlant du conditionnement, cet oléiculteur rappelle que ” cela doit se faire dans des citernes en inox, mais le prix est hors de portée : une citerne de 3000 litres est à 350 000 DA ! “Rencontré dans ce salon, un représentant d'une grande marque italienne de chaîne de trituration affirme l'existence d'un léger engouement chez les oléiculteurs à s'équiper en huileries modernes. ” Sur les 74 installations que nous avons faites à travers le territoire national, 15 sont implantées dans la wilaya de Tizi Ouzou”, nous dit notre interlocuteur. “La durée du stockage des récoltes d'olives devant se faire dans des caisses en non dans des sacs, ne doit pas dépasser les 72 heures “, recommande-t-il. Tout comme la collecte du fruit, mûr à point, qui doit être à la main et non par gaulage. “L'organisation de la filière oléicole, avec toute la volonté du monde, prendra plusieurs années. C'est pour cette raison qu'il faut s'y mettre dès à présent “, conclut-il.