L'Etat pourrait reprendre les dettes de Tonic Emballage qui sont de l'ordre de 70 milliards de dinars et rassembler ses 11 unités en un seul groupe. C'est ce que nous avons appris d'un responsable du ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements qui a requis l'anonymat. « Compte tenu des enjeux industriels et sociaux de l'entreprise, l'Etat pourrait reprendre les dettes du groupe et participer à un plan de relance », a indiqué cette source en substance, confirmant les propos du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui avait affirmé que Tonic « ne s'arrêtera jamais », rappelant : « L'Etat a perdu 70 milliards de dinars dans cet investissement et nous attendons le verdict de la justice. » Le gouvernement Ouyahia envisage donc de garder Tonic Emballage en vie. Il l'a signifié dimanche depuis Bou Ismaïl (Tipaza). Plusieurs hypothèses sont évoquées et la nationalisation de l'entreprise semble être une option privilégiée. Un précédent a déjà été créé avec la décision du gouvernement de nationaliser l'entreprise allemande chargée d'approvisionner les hôpitaux algériens en gaz azoté. Pour les économistes, à l'image de Mohamed Bahloul, expert international et directeur fondateur de l'IDRH (Institut de développement des ressources humaines), l'option de la nationalisation dans le cas de Tonic serait la plus appropriée. M. Bahloul estime qu'« il vaut mieux nationaliser certains grands ensembles industriels en difficulté que de les dissoudre, car cette approche coûte moins cher que la mise en faillite » d'une telle entité. « C'est le principe fondamental de la rationalité d'une nationalisation », a-t-il précisé. Notre interlocuteur a soulevé la question des intérêts nationaux. Selon lui, il est préférable que l'Etat et/ou un acquéreur national reprenne l'entreprise au lieu de la mettre entre les mains d'un investisseur étranger. M. Bahloul a cité l'exemple de la société française Alstom qui a fait l'objet d'une participation de l'Etat français dans son plan de sauvetage et qui devient actuellement leader mondial incontesté dans son domaine. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait abondé dans le même sens en reconnaissant que certaines cessions au profit d'investisseurs étrangers se sont avérées être de « mauvaises expériences ». De nombreux observateurs plaident pour l'intervention de l'Etat pour sauver Tonic Emballage. Pour M. Bahloul, il faut tenir compte de l'enjeu de la préservation des emplois. Il fera remarquer que le contexte international est favorable pour l'implication de l'Etat dans le sauvetage de banques et d'entreprises en difficulté. Les 4000 travailleurs du groupe Tonic Emballage se sont insurgés à maintes reprises pour demander une solution urgente capable de mettre fin à cette situation de statu quo. La nationalisation serait-elle le moyen le plus adéquat ?