Le leader de l'industrie d'emballage en Algérie, Tonic Emballage, est à court de financement. Lâchée depuis février dernier par sa banque accompagnatrice, la BADR, l'entreprise n'arrive plus à compter sur ses fonds propres pour continuer à financer ses projets de développement. La décision prise par la BADR d'arrêter de financer les activités de Tonic Emballage est justifiée par les retards cumulés dans le remboursement de la ligne de crédit dont a bénéficié l'entreprise privée. La banque, apprend-on, exige le recouvrement immédiat de ses créances. Chose qui ne peut se faire dans l'état actuel des choses, d'après le directeur général de l'entreprise, Abdelghani Djerar, qui reconnaît tout de même ces retards de paiement dus, selon lui, à un « télescopage des échéances ». Le gérant impute ce « télescopage » à « la non-qualification de son personnel technique » pour lequel l'entreprise « a été obligée de le former davantage afin qu'il soit à même de manier l'outil de production qui est loin d'être classique et qui est constitué entièrement de machines de dernière génération ». Du coup, souligne-t-il, les objectifs de développement tracés par l'entreprise n'ont pas été atteints en temps voulu. La prise en charge, sur fonds propres, de tous les frais d'approche (Douanes, installation et frais de transit et d'acheminement) est également, ajoute-t-il, « un autre facteur à l'origine des retards enregistrés dans le remboursement des crédits ». Bénéficiant au départ d'une ligne de crédit de 9 milliards de dinars de la Badr et 6 milliards de dinars en consortium avec la CNEP pour une durée de cinq ans, la SARL Tonic Emballage, indique son patron, avait démarré avec l'acquisition de trois machines seulement. Trois ans plus tard, la société, devenue leader national, a commencé à diversifier ses activités en investissant dans l'acquisition de trente nouvelles machines. « Nos besoins en investissement aujourd'hui sont très importants. On a aujourd'hui beaucoup plus de machines que de matières premières. Ce sont des machines très rapides et performantes qui nous permettront d'augmenter sensiblement nos capacités de production », fait savoir M. Djerar, qui considère qu'une durée de cinq ans pour la ligne de crédit est très insuffisante. Voulant connaître la version de la BADR, il nous a été impossible de joindre le premier responsable. Programmé pour être présent aux côtés des autres responsables des banques publiques à la rencontre banques-organisations patronales, organisée hier par l'ABEF, au siège du ministère des Finances, le nouveau président-directeur général de la BADR a surpris les organisateurs par son absence. Aucune raison n'a été donnée pour justifier cette absence et aucun représentant n'a été délégué pour le remplacer. L'affaire Tonic Emballage serait, selon une source du milieu bancaire, à l'origine de cette absence. Nous avons appris également auprès de certains opérateurs économiques que depuis l'arrivée du nouveau patron à la Badr, aucun comité de crédit ne s'est réuni pour débloquer les fonds aux entreprises qui attendent depuis des mois. En l'absence du premier responsable de la Badr, c'est le ministre des Finances, Mourad Medelci, qui a été interpellé hier, en marge de la rencontre, sur cette affaire. Le ministre, qui n'a pas voulu se montrer prolixe, dira néanmoins qu'il faut « entendre les deux parties pour en décider ». Toutefois, il ajoutera que la solution dans ce genre de problème « réside dans le respect des lois ». Il précisera : « Personne n'est au-dessus de la loi, ni l'opérateur ni le PDG de la banque. » Il ajoutera cependant que lorsqu'un client manque au respect du cahier des charges qui le lie à la banque, « il est normal que la banque en fasse de même ». Ce qui laisse entendre vraisemblablement que Tonic Emballage pourrait se trouver du mauvais côté de la barrière. Le ministre ajoutera : « En dépit des lois et des engagements, il y a la raison et le dialogue entre les deux parties qui peuvent trouver un terrain d'entente, car ils participent à la même opération. Le banquier doit pour sa part accompagner l'opérateur dans les moments difficiles pour qu'il réussisse. » A souligner enfin que, selon le directeur général de Tonic Emballage, une réunion de travail s'est tenue dernièrement avec les responsables de la Badr à l'issue de laquelle il a été demandé à l'entreprise de présenter un business plan en guise de plan de sauvetage. Ce dernier, selon M. Djerar, est en préparation et dans lequel Tonic Emballage demande à la banque de rééchelonner sa dette. A noter également que c'est le sort de 4000 travailleurs qui se joue dans cette affaire. Une autre de plus.