Pour Mohamed Hedir, un universitaire algérien originaire de M'sila et établi depuis 2002 au Texas, dans le sud des Etats-Unis, la présence diplomatique algérienne aux States se limite à la délivrance de documents administratifs pour les ressortissants algériens. Et encore… Invité hier par le Centre des études stratégiques d'Echaâb, dirigé par notre confrère Mohand Barkouk pour parler de l'état de la communauté algérienne aux USA, cet universitaire a alterné le rouge et le noir. « Nos compatriotes, qui vivent dans un pays où l'internet et les nouvelles technologies de la communication font fureur, ne comprennent pas pourquoi le site web de notre ambassade à Washington ne contient que des numéros de téléphone et qui plus est ne fonctionnent pas… », assène l'universitaire. En sa qualité de président de l'association d'amitié algéro-américaine, il affirme vouloir se faire l'avocat des nombreux ressortissants qui fulminent contre la représentation diplomatique algérienne aux Etats-Unis. « Comment voulez-vous organiser cette communauté quand on sait qu'il y a un seul consulat à Washington pour un aussi grand pays ? » (un deuxième a été ouvert en 2008 à New York, ndlr). Et de lancer crûment : « C'est, hélas, une mission de délivrance de documents. » Comprendre des documents administratifs et consulaires. Dans son exposé sur cette communauté algérienne d'un « très haut niveau pourtant », Mohamed Hedir se plaint qu'il n'y ait pas de centre culturel algérien aux Etats-Unis, voire de « restaurant qui aurait pu rassembler nos compatriotes et faire connaître l'Algérie aux Américains ». Sur un autre plan, l'universitaire qui ne compte pas regagner le pays de sitôt s'étonne aussi du fait qu'il n'y ait pas de banques algériennes aux USA qui auraient pu « capter » des milliers de dollars comme le font les Marocains et les Tunisiens. Il en veut pour preuve que la communauté algérienne aux Etats-Unis s'élève à 115 000 personnes dont 4000 docteurs de différentes spécialités. Il cite notamment le cas de Kamal Youcef Toumi, ce fameux professeur d'ingénierie mécanique au célèbre Massachusetts Institute of Technology (MIT) ou encore du spécialiste du pétrole Megatli de l'université du Texas, établi aux Etats-Unis avant l'indépendance de l'Algérie. Mais au pays de Barack Obama, il n'y a pas que des Algériens brillants… Mohamed Hedir parle de 14 000 ressortissants « harraga » qui ne disposent d'aucun papier. Seuls 27 000 Algériens sont officiellement immatriculés au consulat, selon l'orateur. Comment alors créer ce fameux lobby algérien aux Etats-Unis ? C'est un peu l'objet de cette rencontre déclinée sous forme d'une plate-forme de revendications d'un représentant de cette communauté sur les ratés d'une prise en charge matérielle, culturelle et diplomatique des Algériens des States. Ce rendez-vous qui sentait trop fort l'odeur électoraliste a vite tourné en un procès contre les autorités qui se rappellent de ces Algériens d'ailleurs juste le temps de les filmer devant les bureaux de vote. Les nombreux journalistes présents hier n'ont pas manqué de relever le caractère politicien dans la gestion des problèmes de ce que l'on désigne pompeusement de « diaspora ». Déjà fortement « clientélisée » par un pouvoir qui n'a d'yeux que pour ceux qui sont politiquement corrects, cette communauté algérienne des Etats-Unis ne peut prétendre constituer un lobby, alors qu'elle ne dispose même pas d'un point de chute qui aurait pu lui raviver le souvenir de son Algérie. Ceci, tout le monde l'a compris hier.