La culture ne se taille pas la part du lion dans les programmes des candidats à la présidentielle d'avril 2009. Bien sûr, elle est évoquée, mais de façon anecdotique, par les uns et les autres. Cela confirme que la culture ne constitue pas une priorité même si, de loin en loin, des manifestations grandioses sont organisées ici et là pour des célébrations qui n'engendrent aucune dynamique. Il y a de multiples facteurs qui participent à la dévaluation de la culture comme un ensemble d'éléments en interaction avec la formation du sens civil et civique des citoyens. Le livre, la pièce de théâtre, le film, le tableau de peinture aident certainement chaque individu à devenir meilleur. A l'échelle d'un pays qui aspire légitimement à s'inscrire dans la compétition mondiale en la matière, ce n'est pas un investissement à perte que celui qui pourrait être engagé dans la culture et les industries culturelles qui non seulement génèrent des milliers d'emplois, mais pourraient s'auto-financer par la fidélisation d'un public qui apprendrait à fréquenter les musées, les salles de cinéma, les salles de théâtre ou les librairies. Au contraire, il y a un recul de la fréquentation dans toutes ces disciplines alors que les professionnels du secteur ne sont pas remplacés lorsqu'ils sont atteints par la limite d'âge. Combien les conservatoires, toutes tailles confondues, ont-ils formé de virtuoses en dehors des musiques patrimoniales telles que l'andalou ou le chaâbi qui, pour le reste du monde, sont perçues comme des expressions locales. Il est notable, sur un autre plan, de constater que depuis des décennies que le constat de la destruction totale du réseau des salles de cinéma, aucune stratégie n'a été imaginée pour reconstruire ce qui a été démoli. Dans ce domaine, les choses sont interdépendantes, car il n'est pas sérieux d'envisager une production cinématographique en l'absence de salles de projection disponibles et répondant aux normes de diffusion que permettent les avancées technologiques actuelles. Ce sont des projets exorbitants, mais une société qui se projette dans la modernité et l'universalité, pour éviter de parler de mondialisation, ne peut pas regarder à la dépense lorsqu' il s'agit pour elle de se prémunir des risques liés à une situation de marasme culturel chronique. C'est une réflexion à tout le moins indispensable dont force est de relever que les campagnes pour la présidentielle n'ont pas fait leur cheval de bataille. Il est certes commode de ne rien dire ou de ne rien faire et de parer au plus pressé en assimilant la culture à des représentations folkloriques ou mondaines qui n'intéressent pas le plus grand nombre. L'offre de proximité culturelle devrait avoir pour vocation de permettre de proposer aux familles algériennes des possibilités de sortie qui seraient des moments de partage. A cet égard, donner les moyens au public d'aller par exemple au théâtre le soir est un acte de bonne gouvernance.