Quelle échéance électorale, autre que l'élection présidentielle, pourrait le plus intéresser les hommes politiques algériens? La scène politique nationale reste, malgré l'approche d'un rendez-vous électoral majeur, maussade. Du point de vue des observateurs, à l'heure actuelle, rien ne laisse croire que les acteurs politiques vont sortir de leur léthargie pour mener à bien les débats politiques inhérents à une telle joute. La présidentielle n'étant plus qu'à 64 jours, le champ politique est loin de refléter l'importance d'un tel événement. Fait aggravant, depuis l'ouverture, le 9 janvier, de l'opération de retrait des formulaires de souscription, 17 personnalités de différents horizons ont manifesté leur intention d'y participer en retirant les documents nécessaires. Selon Mohamed Talbi, directeur des libertés publiques et des affaires juridiques du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, ces personnalités qui ont émis des déclarations d'intention de candidature à la présidentielle, représentent des partis politiques et des indépendants. Depuis cette date, le silence persiste alors qu'aucun débat contradictoire ne s'est engagé. C'est dire à quel point la scène politique reste plongée dans l'expectative et combien la «sincérité politique» est reléguée au dernier plan et les apparences politiques mises en avant. Quatre jours après le début des inscriptions, soit le 13 janvier, le Conseil constitutionnel, chargé du contrôle de la régularité des opérations, a rendu public un communiqué définissant les conditions et le dossier à fournir pour les candidatures à cette élection. Certes, certains candidats ont intensifié leurs sorties, histoire de quitter quelque peu l'ombre, mais il reste que le terrain est largement laissé en jachère avec comme perspective, la menace d'un nouveau taux d'abstention record. Des candidats sortis, on ne sait d'où, ont déclaré leur intention de se présenter à la prochaine présidentielle sans pour autant expliquer leur choix, leur objectif ni ce qu'ils attendent d'une telle candidature pour le pays. D'ailleurs, même leur identité est difficilement «distinguable» et reste noyée dans la «foule». A tel point que même M.Talbi qui les a pourtant déclaré «partants» ne les a pas cités nommément. Comble de l'ironie, d'autres candidats, de surcroît présidents de parti politique, qui ont retiré ces fameux formulaires, ne se sont pas encore prononcés sur leur participation en attendant plus de «lisibilité de la situation». Les prestations «médiocres» des présidents de parti lors de leurs sorties médiatiques font que, selon des analystes politiques, la prochaine présidentielle sera orpheline de véritables compétiteurs. D'autres candidats, comme le Dr Hadef du Mouvement national de l'espérance (MNE), ont mis en avant un fait insolite: le manque de formulaires (pour le recueil des signatures), ce qui est, en fait, grave, à l'orée d'une échéance d'extrême importance. Les Indépendants à l'image de Rachid Bouaâziz, Abdellah Temine et Loth Bounatiro, ont constitué la Coordination des candidats indépendants pour le scrutin d'avril. Manque d'idées ou panne d'imagination? Au lieu de lancer des débats sur cette coordination, ils se sont contentés de l'annoncer dans un communiqué de presse de quelques phrases qui n'explique ni les objectifs ni les projets que ces Indépendants veulent atteindre. Sous d'autres cieux, une telle initiative pour une telle échéance aurait suscité une foultitude de débats et de consultations. Leur seul et unique souci: collecter 75.000 signatures. La campagne battait d'ailleurs son plein. «Des lièvres qui mesurent leur poids en milliards de dinars», a estimé un citoyen. Etant «des flambeaux qui éclairent les discours», les proverbes qui illustrent cette situation «politiquement désastreuse» ne manquent pas. «Presque toujours, en politique, le résultat est contraire à la prévision». Cette citation de François René Chateaubriand convient à la situation actuelle de la scène politique algérienne. Les citoyens, qui s'attendaient à une animation politique conséquente, ont vite déchanté. Cela ressemble, c'est peu de le dire, à une cacophonie en plein désert. Les retraits justifiés ou non des traditionnels candidats et représentants de courants incontestables de la carte politique nationale se sont, par ailleurs, succédé en cascade. Après Liamine Zeroual, ancien président de la République, auquel on a prêté trop vite des intentions qu'il ne semblait pas avoir eu, c'est Saïd Sadi, président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) qui décida, le 15 janvier dernir le gel de ses activités et de dire non au scrutin. Et comme un malheur ne vient jamais seul, c'est le «patron» incontestable de la mouvance islamiste, cheikh Abdallah Djaballah, qui jette l'éponge. Réda Malek, président de l'Alliance nationale républicaine (ANR) aggrava davantage ces «démissions» en se retirant définitivement de son parti et de la vie politique. Excusez du peu! Pour sa part, le plus vieux parti de l'opposition, le FFS a donné la priorité à sa restructuration statutaire et organique et annonce l'ouverture de son école politique pour la fin de ce mois, tournant ainsi le dos à la présidentielle. Dans ce champ politique déserté, il est attendu que le président sortant, Abdelaziz Bouteflika, annonce sa candidature à la fin du mois en cours ou, au plus tard, début février prochain. Selon les partis de l'Alliance présidentielle, cette annonce sera faite à la Coupole Mohamed-Boudiaf du complexe du 5-Juillet. La convocation du corps électoral interviendrait, selon un candidat à la présidentielle, le 2 février prochain. Wait and see.