Les grands spécialistes en cancérologie, les professeurs Bendib, Bouzid et Graba, n'ont pas été conviés à cette rencontre, à l'exception du président du comité national de lutte contre le cancer, Pr Afiane, qui a fait une brève présentation de l'état des lieux. Le renforcement des centres de lutte contre cette maladie avec le lancement de 8 centres au niveau national dont un pédiatrique, le renouvellement des équipements et la disponibilité des produits pharmaceutiques sont, entre autres, les grands axes de ce plan. Il s'est fixé l'objectif de réduire, d'ici cinq années, la charge de mortalité, de morbidité et d'incapacité prématurées liées aux cancers. Il est aussi question de réduire les risques de cancer par une prévention adaptée avec le lancement des campagnes de dépistage du cancer du col de l'utérus et du cancer du sein. «Le dépistage organisé par mammographie sera lancé en 2007», a précisé Dr Mekidèche qui a présenté ce programme. L'amélioration de la prise en charge des malades atteints de cancer est aussi consacrée par ce programme. Elle a indiqué que la prise en charge sera organisée en trois niveaux, à savoir la prévention, le dépistage, les soins de proximité et les soins spécialisés, qui seront mis en réseau. La conférencière a longuement insisté sur la formation spécialisée et universitaire du personnel médical. L'intégration des structures privées, dont une à Blida en cours de réalisation et une à Alger, est aussi prévue par ce plan qui sera couronné par la création d'un Institut national de lutte contre le cancer. L'impact financier de ce plan, a-t-elle indiqué, est estimé à 45,5 milliards de dinars, dont 20,5 milliards de dinars seront consacrés aux médicaments. En attendant la réalisation de ce plan ambitieux, des malades n'arrivent pas encore à obtenir des rendez-vous pour être suivis dans les centres spécialisés en raison du nombre important déjà programmé et la surcharge au niveau des hospitalisations. courbe ascendante Les malades se retrouvent à quatre par lit pour pouvoir bénéficier du traitement de chimiothérapie. Pourtant, ce genre de traitement nécessite des conditions draconiennes d'hospitalisation, surtout en matière d'aseptisation. L'accès aux antidouleurs, dont la disponibilité est seulement à Alger, relève aussi du parcours du combattant pour les cancéreux. Interrogé à ce propos, Amar Tou s'est contenté de dire que le problème sera étudié dans le cadre de ce plan dans le chapitre consacré aux médicaments innovants. Quant à la prise en charge de la douleur, Dr Mekidèche estime qu'elle doit se faire en réseau entre le médecin généraliste et le médecin spécialiste. «Des services de prise en charge de la douleur sont prévus dans toutes les nouvelles structures de lutte anticancer», a t-elle ajouté. Se basant sur les données de l'enquête nationale sur le cancer réalisée en 2002, le président du comité national de lutte contre le cancer s'est contenté de rappeler les statistiques sur l'incidence et la prévalence de cette maladie dans les quatre localisations, à savoir le sein, le col de l'utérus, le poumon et le colo-rectum, sans faire aucune allusion aux difficultés rencontrées dans la prise en charge des malades dans les rares structures de lutte contre contre le cancer aujourd'hui surchargées. Le Centre Pierre et Marie Curie est un exemple édifiant pour illustrer cet état de fait. Les statistiques avancées par le Pr Afiane ont connu pourtant une évolution importante depuis 2002. Les trois derniers registres du cancer et les résultats partiels de l'enquête nationale lancée en 2004 par l'INSP montrent bien les tendances de cette courbe croissante au fil des années. Pour l'année 2006, l'incidence est, selon le professeur Afiane, de 26 100 malades, dont 12 700 hommes et 13 400 femmes. Les enfants représentent 5% de l'ensemble des cancers. Les prévisions font état de 1000 nouveaux cas de cancer pédiatrique. Il a signalé que le nombre de malades attendu pour 2006 est de 3575 pour le cancer du sein, 2107 pour le colo-rectum, 1668 pour le poumon et 1198 pour le col utérin. Le nombre d'hospitalisés durant l'année 2005, a-t-il ajouté, était de 55 299 personnes. Selon certaines indiscrétions, l'élaboration de ce programme national de lutte contre le cancer a été faite sans la consultation des membres du comité national de lutte contre le cancer, pourtant les premiers à connaître la réalité du terrain.