Pourtant, inlassablement, la Fédération nationale des donneurs de sang ne cesse de faire des appels à des dons et tente d'inciter les personnes à donner leur sang, mais les besoins restent encore insatisfaits. A cette question, une seule réponse nous est fournie au niveau de certains centres de transfusion sanguine. «Les gens ont peur.» De quoi ont-ils peur ? «Bien sûr, de contracter des maladies», nous explique un médecin du centre de transfusion sanguine de l'hôpital Mustapha, à Alger, où il n'y avait personne en cette veille de la célébration de la Journée mondiale du don de sang. Pour ce docteur, il n'y a pas lieu d'avoir peur puisque «la poche et la seringue sont stérilisées et l'aiguille est à usage unique. Sur ce plan, je dois vous signaler que le geste se fait en toute sécurité». Pourquoi alors les Algériens sont hésitants vis-à-vis de cet acte ? «Outre la peur, il y a aussi peut-être la collation qui est considérée insuffisante, la peur du malaise et je crois aussi qu'ils n'ont pas encore adopté cette culture du don de sang», a-t-il indiqué. Et de préciser que les dons à contrepartie, c'est-à-dire des dons familiaux, sont par contre très importants. «Les Algériens sont prêts à donner leur sang lorsqu'il s'agit d'un membre de la famille très proche qui doit subir une intervention chirurgicale. Dans ce cas-là, la proportion est très importante et ce durant toute l'année», a-t-elle ajouté. Nous pouvons dire alors que les besoins sont en quelques sortes couverts. Ce n'est pas toujours le cas puisqu'on a enregistré un déficit important pour ce qui concerne les groupes à Rhésus négatif estimé à -7 %. Elle explique, en fait, que les personnes qui passent à l'acte «le font de manière ponctuelle, alors que nous avons besoin de donneurs réguliers», a-t-il souligné. Les dernières statistiques (2005) concernant les donneurs de sang au niveau du centre de transfusion sanguine du CHU Mustapha montrent que 142 consultations de donneurs réguliers ont été effectuées durant cette année. Le nombre de dons au niveau de cette structure a été de 20 576 alors que le nombre de dons refusés lors de l'entretien médical était de 4633. «Plusieurs volontaires ont été refusés après un interrogatoire médical minutieux, car présentant des pathologies lourdes telles que les maladies cardiovasculaires, l'hypertension, etc.», a ajouté notre interlocuteur avant d'indiquer que les personnes qui se présentent ne doivent pas s'impatienter pour faire le prélèvement, car cela nécessite un repos pour avoir une bonne prise de la tension artérielle. Par ailleurs, à l'échelle nationale, le nombre de dons du sang a atteint, en 2005, 322 191, soit une moyenne de 9,79 dons pour 1000 habitants avec un taux d'évolution de 5,3% par rapport à l'année 2004. A ce jour, 60% des dons de sang en Algérie, selon M. Kezzal, directeur de l'Agence nationale de sang, sont d'origine familiale et 20% sont le fait de donneurs réguliers et 20% sont occasionnels. La transfusion se fait à 84 % dans les services hospitaliers et 16% dans les structures avoisinantes (cliniques). Quant à la séparation, près de la moitié – soit 49,82% – du sang collecté est séparée au niveau national, a indiqué M. Kezzal, tout en relevant que le concentré de globules (cgb) est le produit le plus utilisé par les services cliniques (chirurgie, hématologie). 178 structures de transfusion sanguine Environ 178 structures de transfusions sanguine, dont 45 centres de wilaya de transfusion sanguine, 16 centres de transfusion sanguine ambulants, 98 postes de transfusion sanguine et 19 banques de sang, assurent l'activité transfusionnelle en Algérie. L'arrêté du 15 février 2006 définit l'organisation territoriale de ces structures et de leurs activités, selon un schéma territorial de wilaya, avec la création de centres de wilaya de transfusion sanguine pour l'ensemble du territoire national, à l'exception des wilayas d'Alger, de Constantine et d'Oran. Par ailleurs, l'Agence nationale du sang (ANS), qui œuvre sous l'égide du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, est chargée de «la définition de la politique nationale du sang et du suivi des conditions de sa mise en œuvre, ainsi que l'élaboration des règles de bonnes pratiques de l'exercice de l'activité transfusionnelle et des normes en matière de contrôle de sang et ses dérivés». L'ANS prend également en charge l'établissement de la nomenclature des réactifs, des consommables et des équipements ainsi que les techniques utilisables et la proposition des tarifs de cession. Elle œuvre en collaboration permanente avec la Fédération algérienne des donneurs de sang (FNDS) à la promotion du don de sang.