Seulement deux services de néonatologie existent à l'échelle nationale, en l'occurrence Alger et Constantine. Outre l'hôpital Mustapha Bacha, qui dispose d'un service de néonatologie performant mais saturé, les grands hôpitaux de la capitale prennent en charge les nouveau-nés dans des unités organisées dans les services de pédiatrie ou de gynécologie obstétrique, mais qui sont dépourvues de toutes les commodités (absence de couveuses, de pédiatres et autres moyens de prise en charge). Ces unités de néonatologie sont loin d'être conformes aux normes établies. Elles sont, pour la plupart, désertées par les pédiatres qui sont, par contre, en surplus dans les services de pédiatrie. Ils se retrouvent à soigner des pathologies qui auraient pu être détectées et prises en charge à la naissance. Les bases pratiques de la prise en charge du nouveau-né en salle de travail à la naissance et de la prise en charge des enfants prématurés font réellement défaut. Le manque de formation dans ce sens est ainsi avéré. Finalement, le mauvais épisode de Djelfa en 2004, où 13 nouveau-nés ont trouvé la mort dans des conditions floues, n'a pas suffi aux responsables de ces établissements pour améliorer les conditions d'hospitalisation et des prestations de soins. Les spécialistes sont unanimes à dire que les morts périnatales et néonatales résultent principalement de grossesses non ou mal suivies et d'accouchements pratiqués dans de mauvaises conditions. Ils précisent que près de la moitié des décès survient dans les 24 heures qui suivent l'accouchement. «La mortalité périnatale résulte en grande partie de l'insuffisance des soins prodigués aux femmes enceintes et aux nouveau-nés», note-t-on. Les décès des sept nouveau-nés, survenus entre le 25 et le 27 juin au service de gynécologie-obstétrique du CHU de Hussein Dey, sont liés, en fait, à l'absence réelle d'une véritable politique de périnatalité et de néonatologie. Pourtant, un programme national a été lancé le mois d'avril dernier pour, entre autres, réduire de moitié le taux de mortalité maternelle et périnatale. Le manque d'hygiène dans ce type de structures, où les nouveau-nés sont sujets à toutes les infections, est l'une des causes principales de cette situation tragique. Les infections nosocomiales sont particulièrement mortelles dans le service de néonatologie où la prématurité représente 10% à 12% des naissances vivantes. La septicémie est responsable de 20% des décès, précisent les spécialistes. Après trois jours du drame, le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière n'a pas encore identifié les causes exactes des décès qui ont endeuillé sept familles. Dans un communiqué rendu public jeudi, la cellule de communication du cabinet du ministère de la Santé confirme la mort de sept nouveau-nés et énumère les différentes causes «probables de décès retenues pour le moment», selon les premiers résultats de l'enquête menée par une équipe de spécialistes. Il s'agit alors de quatre décès dus à une prématurité sévère aggravée par une infection materno-féotale, un décès dû à une asphyxie néonatale sévère avec un état de mal convulsif, un décès lié à une maladie congénitale du tube digestif ayant nécessité une colostomie et enfin un cas de méningite bactérienne. «Ces nouveau-nés présentaient soit un faible poids de naissance, soit une prématurité, donc un état physique particulièrement fragile», poursuit le communiqué, qui précise que des mesures prophylactiques ont été prises avec l'isolement géographique et technique des malades hospitalisés en néonatologie, la désinfection des locaux et le renforcement des mesures d'hygiène générale ainsi que le dégagement d'espace pour assurer la continuité des nombreux accouchements pris en charge par l'établissement. De plus, l'antibiogramme est en cours pour la détermination de la nature du germe et une antibiothérapie sera engagée dès réception des résultats, précise le communiqué. L'enquête épidémiologique se poursuit. Un communiqué qui vient contredire les propos de Amar Tou, qui a déclaré à la presse nationale, la présence d'un virus à cet endroit, à savoir le service de néonatologie. «L'enquête épidémiologique a rendu un premier rapport indiquant la présence d'un virus», a-t-il déclaré en précisant que les «spécialistes travaillent dans le sens de déterminer ce virus». Si l'on comprend bien, c'est d'un foyer de virus dont il s'agit et qu'il faut réellement déterminer pour identifier le germe responsable particulièrement de l'infection materno-fœtale qui a causé la mort de quatre bébés ainsi que le cas de méningite. Les deux autres causes de décès, l'asphyxie néonatale et la maladie congénitale, sont généralement les formes de mortalité néonatales enregistrées dans les statistiques. Par ailleurs, selon des sources bien informées, une bactérie causant les maladies nosocomiales est la cause de cette «méga infection». Elle aurait été détectée dans ce service il y a déjà quelque jours. Des examens sont en cours justement pour savoir si c'est cette même bactérie qui est la cause de cette situation dramatique. D'autres sources soulignent que le service de néonatologie du CHU Parnet a subi, ces derniers jours, une forte pression en raison du nombre important de nouveau-nés. Un flux qu'il a subi suite à la fermeture du service du CHU de Bab El Oued. Les conditions d'accueil étaient alors défaillantes à tous les niveaux. «Devant cet état de fait, ces situations tragiques sont inévitables», nous dit-on. Ainsi, la normalisation des services de néonatologie en matière de développement de moyens et de formation est devenue une urgence. La mise en place d'unité de Kangourou qui a prouvé son efficacité devient une priorité. Cette méthode de soins, pratiquée uniquement au service de néonatologie à l'hôpital Mustapha, a sauvé depuis deux années plus d'une centaine des nouveau-nés de petit poids (prématurés).