En dépit des moyens fournis par les pouvoirs publics dans la prise en charge de la santé du citoyen, un bémol vient nous rappeler que la désorganisation et l'insuffisance dans la formation peuvent être dramatiques même, lorsqu'il s'agit de nouveau-nés et de la maman. L'accouchement, qui doit se dérouler dans de bonnes conditions, est tronqué de la vie et de la joie qui l'accompagnent lorsque le bébé mis en gestation durant des semaines meurt par asphyxie ou est handicapé à vie car la salle d'accouchement ne dispose pas d'oxygène. En moyenne, chaque année en Algérie, 20.000 enfants meurent. Le professeur Djamil Leban, chef du service néonatologie au CHU Mustapha-Pacha, s'exprimant, hier à Alger, dans le cadre d'une conférence organisée par la Fondation algérienne des droits de l'enfant et de l'adolescent (Fadea), sous la thématique « Pour une nouvelle approche de la naissance en Algérie », fera savoir que la mortalité néonatale représente plus de 80% de la mortalité infantile qui est de l'ordre de plus de 30%. Rien que pour l'année 2011, le nombre de naissances était de 925.480, dont 910 000 seulement ont survécu. Les causes, selon l'intervenant, sont les infections materno-fœtales, les malformations et les asphyxies. Ceci lui fera dire « qu'il faudra contenir ces naissances, vu les conditions d'accouchement dans nos maternités. La grossesse est devenue même très précieuse avec l'augmentation de l'âge du mariage de la femme, qui est de 30 ans en moyenne. La santé néonatale est un souci dans l'ensemble du pays et la survie des nouveau-nés dépend des soins que nous fournissons. Certes, un programme national périnatalité a été mis en place en 2006 mais l'application n'a pu se faire », dira le professeur Leban. Pour ce qui est de la mortalité maternelle, le professeur Leban, en avançant le taux de 9%, met en garde quant à sa fiabilité car « il n'existe pas de statistiques ». La mort guette, bien que l'accouchement assisté représente 98%, alors qu'en 1970, il était inférieur à 40%. Il mettra également l'accent sur la nécessité de la prise en charge des grossesses à risques, notamment celles présentant un diabète, une hypertension artérielle (HTA) ou un rhésus négatif. Comme il soutiendra l'obligation de la promotion de l'allaitement maternel et l'application de la méthode kangourou qui a fait ses preuves au niveau de l'hôpital Mustapha-Pacha. « Depuis son lancement en 2004, 700 bébés prématurés ont été pris en charge. Aucun décès, aucune maladie nosocomiale n'ont été enregistrés » précise-t-il. Aussi, pour parer aux insuffisances de formation en néonatologie des futurs personnels des soins (pédiatres, médecins), Djamil Leban a mis en exergue l'impérieuse utilité d'organiser des campagnes de formation et de mise à niveau. La périnatalité est, pour le professeur Djamil Leban, « un enjeu de santé publique » et, pour cela, il propose la tenue des « assises nationales de la naissance » précédées de rencontres régionales.