Une mobilisation des professionnels autour du programme national de périnatalité et de néonatologie, présenté le mois dernier par le ministère de la santé, de la population et de la réforme hospitalière est lancée. Des réunions de travail au niveau des différentes villes sont d'ores et déjà organisées afin de mettre en place le dispositifs du décret n°05-438 publié au Journal officiel du 20 novembre 2005 qui vise à améliorer la sécurité de la mère et de l'enfant lors de l'accouchement et à assurer des soins de qualité aux nouveaux-nés. Un texte réglementaire qui est appuyé par une instruction du 22 avril 2006 du ministre de la santé, Amar Tou, soit le jour de la présentation de ce programme. L'objectif de ce programme national est en fait, l'amélioration des statistiques de mortalité. Ce qui nécessite le développement du système d'information périnatale, d'autant que les chiffres actuels concernant le taux de mortalité maternelle sont encore effrayants. Selon les données exposées par le professeur Lebane, chef de service de néonatologie à l'hôpital Mustapha pacha à Alger, pour l'année 2005, le taux de mortalité maternelle est de 98,8 pour 100 000 naissances vivantes. « 600 femmes décèdent donc chaque année des suites de complications survenues en cours de grossesse, ou lors de l'accouchement. Pour chacun de ces décès, 30 à 100 femmes sont victimes d'affections aiguës douloureuses, invalidantes et qui entraînent souvent des handicaps permanents », a-t-il relevé. La prématurité représente, selon lui, 10 à 12% des naissances vivantes. Ainsi, pour quatre enfants qui décèdent avant l'âge de 1 an, trois sont nouveaux-nés Les morts maternelles représentent 9% de la mortalité générale. Ces décès surviennent dans 55% des cas au niveau de l'hôpital, des structures sanitaires et dans le tiers des cas au niveau d'un centre hospitalo-universitaire. Près du quart des motifs d'évacuation concerne surtout l'hémorragie génitale, précise-t-on dans le dossier de presse. Près de la moitié des décès surviennent dans les 24 heures qui suivent l'accouchement. « La mortalité périnatale est intimement liée à la condition et à l'état nutritionnel des femmes et elle résulte en grande partie de l'insuffisance des soins prodigués aux femmes enceintes et aux nouveaux-nés », a-précisé le professeur Lebane. D'après lui, un grand nombre de décès néonatals précoces pourrait être évité par un plus grand professionnalisme dans les soins apportés lors de l'accouchement et de la période postnatale. « Cette nouvelle situation conduit au fait que pour le couple, chaque naissance devient une naissance précieuse », dira-t-il et d'ajouter que toutes ces constatations justifient l'importance de donner un essor majeur à la médecine périnatale dans ses aspects préventifs et curatifs. Réduire de moitié le taux de mortalité maternelle et périnatale constitue l'un des principaux objectifs fixés par ce programme qui constitue enfin une priorité des pouvoirs publics. Il est organisé sur trois phases, à savoir la période périnatale et la période post-natale. Ainsi, une enveloppe de 2,7 milliards de dinars a été débloquée par le gouvernement pour la mise en chantier, dès le mois d'avril dernier, ce programme triennal (2006/2009). Le professeur Lebane, qui a fait la présentation du programme, a révélé qu'il existe seulement deux services de néonatologie en à l'échelle nationale (Alger et Constantine). Il a précisé que le décret prévoit alors de placer toutes les unités de néonatologie sous l'autorité des pédiatres, alors que l'activité était organisée en unité dans les services de pédiatrie ou de gynécologie obstétrique. Donc, la structure affectée à l'activité de néonatologie doit être contiguë à celle affectée à l'activité de l'obstétrique à proximité de la salle de naissance. « La mise en œuvre de ce décret va certainement permettre de normaliser une activité très sensible avec le concours de professionnels multidisciplinaires et de responsables de la santé de l'administration des collectivités locales », a-t-il souligné. Ainsi, une enveloppe de 2,7 milliards de dinars a été débloquée par le gouvernement pour la mise en chantier, dès ce mois, de ce programme triennal (2006/2009). Ce dernier vise une meilleure prise en charge de la mère et de l'enfant de la grossesse jusqu'à la naissance du nouveau-né (les 28 premiers jours). Afin de mieux suivre l'évolution de certains indicateurs de la santé des mères et des enfants, le programme préconise un système d'information périnatale. Dans ce cadre, le professeur Lebane propose de mettre en place un certificat de décès périnatal et néonatal tardif. La mortinatalité (morts-nés) figure sur les registres d'état civil, alors que la mortalité néonatale (précoce et tardive) est confondue dans la tranche d'age de 0 à 1an. Ce certificat peut d'ores et déjà, précise-t-il, être mis en circulation au niveau des différents établissements concernés, a-t-il assuré. Parmi les autres objectifs, il est notamment question de « dépister » et de « capter » les grossesses à risque (diabète, HTA) et l'incidence du taux de couverture vaccinale chez la population dont le rhésus de la maman et de l'enfant sont incompatibles (maman rhésus o négatif, enfant rhésus positif). Sur ce point, le professeur Lebane a insisté sur l'impératif de doter toutes les structures de maternité en sérums anti-D. Il a, en outre, insisté sur l'importance de multiplier les unités Kangourou qui ont prouvé leur efficacité au sein de son service. « Grâce à la méthode Kangourou, nous avons réduit considérablement le taux de mortalité infantile », a-t-il affirmé. Il a, en outre, insisté sur l'importance de multiplier les unités Kangourou qui ont prouvé leur efficacité au sein de son service. « Grâce à la méthode Kangourou, nous avons réduit considérablement le taux de mortalité infantile », a-t-il affirmé. Cette méthode de soins, pratiquée uniquement au service de néonatologie à l'hôpital Mustapha, a sauvé, depuis deux années, plus d'une centaine des nouveaux-nés de petits poids. La réussite de ce programme, qui vise à donner les bases pratiques de la prise en charge du nouveau-né en salle de travail à la naissance et de faire connaître les bases théoriques de la prise en charge des enfants prématurés, passe forcement par la formation. Un aspect sur lequel a insisté le professeur Lebane. Il a souligné qu'une formation spécifique en néonatologie des pédiatres travaillant en maternité est mise en place. Elle leur permettra une meilleure intégration à une équipe obstétricale et de réanimation néonatale, une harmonisation des pratiques et des compétences, en fonction de la situation géographique et de la remise à jour de la réalisation des gestes pratiques. Cette formation est aussi tributaire de la communication et de ses modalités. Elle concerne, selon le professeur Lebane, les professionnels entre eux et les relations des professionnels avec les femmes. Les médias ont aussi un rôle important à jouer.