Rares sont les cités à Blida qui peuvent s'enorgueillir d'avoir organisé la vie à l'intérieur avec un règlement, l'implication de toutes et tous et, surtout, sans compter sur l'aide de l'Etat. Près de 25 000 DA pour les deux gardiens assurant la sécurité H24, désignation et émoluments d'un avocat pour tout cas mettant en relation litigieuse les habitants avec un tiers, appel à des jardiniers de métier pour l'embellissement de l'espace intérieur de la cité à laquelle il a été installé un portail, une barrière, une construction en dur pour la protection du gardien des intempéries. 140 familles et quelque 700 personnes sont impliquées dans l'amélioration constante du cadre de vie. Deux jardins ont pris forme sur plus de 350 m2 et l'association issue d'élection libre en 2003 effectue des PV de constatation par huissier, des mises en demeure et des demandes de mise en conformité pour tout ce qui n'est pas « normal », cette dernière expression étant en vogue chez tout un chacun. « Nous combattons les ouvertures illicites de commerces possédant leurs devantures des autres côtés et cherchant à obtenir des issues à l'intérieur de la cité », déclarera un des membres de l'association qui exhibera tout un dossier, avec photographies à l'appui, de personnes se croyant impunies. Sur les 56 commerces existants, 9 donnent l'impression d'imposer leur loi, loi qui transforme inexorablement l'espace en zone industrielle avec le va-et-vient incessants de véhicules de gros tonnage, chargeant et déchargeant de la marchandise et l'on apprendra que même un appartement sert d'entrepôt pour produits inflammables, en plus de cinq autres à usage professionnel. Les plaintes adressées aux services de l'environnement, de l'urbanisme et de la police sont demeurées sans suite. « Aujourd'hui, avec l'existence officielle de l'association, nous pouvons entamer des actions en justice », affirmera le président très heureux d'exhiber une lettre de félicitations du ministre de l'Environnement lui-même et la copie de la lettre de recommandation adressée au wali de Blida pour l'aide à apporter à ce genre d'initiative où « la recherche de l'implication du citoyen n'est pas un vain mot », dira un des membres. Cette cité des 130 Logements, sise dans un des quartiers fort populaires de Blida, devient quasiment à vue d'œil, un lieu de détente après avoir vécu l'enfer de la prostitution, de la débauche, de la toxicomanie jusqu'à constater la montée en flèche de la valeur marchande de l'immobilier. Les efforts déployés depuis 1996, date d'arrivée des premiers habitants après la démolition de l'hôpital Ducros en 1983 - une autre histoire -et la rénovation de la chaussée aux frais des résidents en août 2002, commencent à donner des fruits après une décennie.