Après cinq années d'existence au Sud, l'Algérienne des eaux (ADE) a officiellement signé hier, à Ghardaïa, les conventions de transfert du patrimoine des entreprises de wilaya de production et de distribution des eaux ménagères et industrielles (EPDEMIA) de Ouargla, Ghardaïa et Laghouat. Chapeautée par le wali de Ghardaïa, la cérémonie de signature a eu lieu en présence de MM. Tounsi, DGA de l'ADE, Annad, conseiller auprès du DG de cette entreprise, Obeidi, directeur régional de l'ADE Sud, ainsi que les directeurs des EPDEMIA et de l'hydraulique des wilayas concernées. Ce transfert vient à la suite d'une première opération effectuée à El Oued en juin dernier et sera suivie d'une série de transferts pour les cinq wilayas restantes, soit Illizi, Tamanrasset, Béchar, Tindouf et Adrar le mois prochain, selon nos sources. Les dossiers sont finalisés et le transfert tant attendu est enfin possible, depuis l'installation officielle de la direction régionale de l'ADE sise à Ouargla, apprend-on auprès de la direction de l'ADE. Administrant neuf wilayas, l'agence régionale du bassin Sud couvre 85% du territoire national. C'est dire l'importance et les potentialités de la zone couverte. Le volume d'eau produite et distribuée est estimé à 100 millions de mètres cubes par an avec un chiffre d'affaires trimestriel de 295 240 000 DA pour les neuf wilayas concernées. Quant au nombre d'abonnés des seules wilayas de Ouargla, Ghardaïa et Laghouat ayant fait l'objet du transfert de patrimoine hier, il est de 157 243 au 30 juin 2006, selon le directeur de l'exploitation de l'ADE de Ouargla. D'après notre interlocuteur, l'événement est d'une importance primordiale en cette période où la gestion de l'eau et la réforme du système de tarification et de recouvrement (en redonnant à l'eau sa véritable valeur économique) sont au centre de l'actualité. Selon Tahar Khellaf, «le retard dans le transfert des EPDEMIA est d'ordre technique et a nécessité une longue préparation». Il relève par ailleurs d'un calendrier national qui sera clôturé avant la fin juillet. A propos de l'héritage de l'ADE Sud, M. Khellaf relèvera plusieurs points, à commencer par une pléthore de personnel recruté lors des années de faste et dont la majorité requiert un recyclage dans les métiers de l'eau, d'où la programmation d'une première session dans les semaines à venir. L'autre point est le recouvrement d'une lourde créance de 2 757 775 000 DA cumulée depuis la création des EPDEMIA. Les wilayas de Ouargla et de Ghardaïa sont en première position avec respectivement 60 et 62 millions de dinars de créances à elles seules, suivies d'El Oued avec 36 millions et Laghouat avec 30 millions. L'ADE hérite de réseaux AEP vétustes ou au mieux avec des malfaçons, d'où le lancement d'études de diagnostic et de réhabilitation des réseaux AEP pour El Oued, Touggourt, Ouargla, Ghardaïa, Béchar et Tamanrasset, ce qui représente un plan de charge consistant. Ajouter à cela le projet d'une dizaine de stations de déminéralisation d'eau pour l'amélioration de la qualité de l'eau potable desservie à la population et le programme de généralisation du macro et du micro comptage. Une totale redynamisation du secteur des ressources en eau sera lancée dès la rentrée prochaine, souligne notre interlocuteur. M. Khellaf répond en toute honnêteté à notre interrogation à propos du paramètre gestion et rentabilité de la production et de la distribution de l'eau dans le Sud : «Avec un chiffre d'affaires de 295 240 000 millions de dinars par trimestre, toute entreprise gestionnaire rentrerait dans ses frais mais la réalité est que seulement 50% de ce montant sont effectivement recouvrés, vu la fuite du citoyen. Beaucoup reste à faire pour sensibiliser les gens quant au payement des redevances.»