Il est 20h30. Le réglage de la balance et tous les menus détails sont fin prêts. La scène est également prête à accueillir le spectacle, mais le théâtre est désespérément vide. Le public peine à trouver le chemin des lieux de spectacle en cette saison estivale, pourtant bien entamée. Une douce brise souffle sur le théâtre. Quoi que humide, l'air est très agréable. Les coulisses semblent en ébullition. Les mannequins de Boualem El Djazaïri se préparent à défiler sur le podium. Le public, réduit, patiente en écoutant les rythmes et les douces mélodies d'Ibrahim Ferrer, l'un des membres du grand Buena Vista Social Club. 21h. Le coup de départ de la soirée est donné avec un petit mot sur le décès du chantre de la musique chaâbi, Guerrouabi, survenu il y a quelques jours. Sur musique du DJ Malek, le podium est tout de suite investi par les grandes et minces jeunes filles en tenues traditionnelles de plusieurs couturières : Mme Chérifa, Mme Khadidja, Mme Kaddouri, Mme Amari et un couturier : M. Stambouli. Dommage que la présentatrice n'ait pas pris la peine de réapparaître à chaque série pour que le public puisse connaître les tenues de chaque créateur. Quoi qu'il en soit, c'est une déclinaison de couleurs et de modèles aussi surprenants que charmants que porteront les mannequins. Robes d'hôtesse, djellaba marocaine, ensembles, tuniques et pantalons… aux différentes broderies et aux couleurs allant du blanc au brique, en passant par le lilas, l'abricot, le bronze et tous les tons du rose, du bleu… des manches courtes, longues et larges, fendues, pour tous les goûts, des matières aussi souples que raffinées, et surtout des modèles très actuels. C'est aussi le cas pour les tenues traditionnelles revisitées, comme le karakou algérois et la robe kabyle qui, tour à tour, se déclinent dans des matières et des coupes plus modernes, jusqu'à faire cocktail et soirée. Avant de passer à la suite, une pause est marquée par Cheb Yazid, le spécialiste des reprises, qui va puiser dans le registre raï pour divertir le public. Les enfants sont les plus réceptifs ! Retour des mannequins avec des interprétations maghrébines, notamment les manches caftans, le traditionnel encore, qui se découvre et se porte moulant… le pantalon chalga est le plus marquant : cintré, fentes à mi-cuisses, il devient, à lui seul, un argument de soirée, comme le surprenant caftan chalga, qui porte une manche unique, large et longue et découvre la seconde épaule. Désormais, les femmes ne sont pas obligées de choisir entre le moderne et le traditionnel, puisqu'on peut allier les deux avec beaucoup de grâce. Idem pour les «blouzate» oranaises de M. Stambouli, qui deviennent de splendides robes du soir : décolletées, à bretelles, avec un travail chargé et sophistiqué, scintillant de mille feux et sur des couleurs aussi belles que variées : du bronze au bleu nuit, en passant par le noir, le rose, le vert émeraude… La fin est ponctuée par une ambiance de mariage avec le défilé de la boutique Tiffany Design et sa tendance nord américaine : robes princesses et robes sirènes aux couleurs surprenantes : vert d'eau, fuchsia, saumon, pistache, turquoise, citron, lilas… Et robes de mariées parsemées de brillant, de la plus simple à la plus sophistiquée, en passant par la romantique, la classique et la champêtre. Là encore, les matières sont souples et nobles : soie sauvage, satin royal et dentelle de Calais. Le temps d'une soirée, on découvre qu'un autre versant de la mode algérienne, qui sans se départir de sa touche traditionnelle, continue patiemment à se moderniser. Avec talent et imagination, nos créateurs réussissent parfaitement le mariage traditionnel/moderne pour rendre l'ancien plus contemporain !