Ces 5 à 6 millions de personnes y vivent et survivent malgré un climat hostile, un manque d'eau et de nourriture, des maladies multiples et un conflit violent, qui a fait depuis 2003 plus de 70 000 morts et environ 1,5 million de réfugiés. Quels sont les protagonistes de ce conflit ? D'un côté, il y a deux groupes de rebelles ralliés : le Mouvement de libération du Soudan (MLS) et le Mouvement de la justice et de l'égalité (MJE). De l'autre côté, il y a les troupes armées du gouvernement soudanais tout comme les milices que l'on appelle les Djandjaouids. Le gouvernement à Khartoum se voit accusé par des humanitaires et des diplomates d'avoir armé et payé ces Djandjaouids, auxquels on reproche viols, meurtres et pillages dans les villages du Darfour. Quelles sont les racines de ce conflit ? En 2002, s'achève une guerre civile de vingt ans entre le Nord politiquement dominant et le Sud qui, lui, est riche en ressources naturelles mais mal développé. Les accords de paix négociés en 2002 par la communauté internationale prévoyaient la rotation de la présidence entre les partis adversaires et décidaient que la loi islamique ne soit appliquée dans le sud du pays. Après une période de transition, la population du Sud devrait pouvoir voter son indépendance par référendum. Mais en février 2003, à peine quelques semaines après ces accords de paix, c'est la violence qui dégénère au Darfour. Des querelles entre les agriculteurs sédentaires et les nomades concernant la répartition du sol, des ressources et de l'eau se transforment en conflit armé. Les accords de paix empirent la situation de sorte qu'ils partagent le pouvoir entre le Nord et Sud sans pour autant tenir compte des autres régions du pays. Ils cémentent la ségrégation croissante entre populations «arabe» et «non arabe» et le Darfour fait dès lors partie du nord «arabe». Cela équivaut aux yeux de la population «non-arabe» du Darfour à une «arabisation» culturelle imposée. Aujourd'hui, on parle d'un conflit entre le nord «arabe» et le sud «non arabe», alors que tous les participants du conflit sont africains et musulmans. Comment s'est développé le conflit ? Le groupe de rebelles révolté contre ce statut s'est rapidement transformé de Front de libération du Darfour en Mouvement de libération du Soudan. La lutte régionale est alors devenue nationale. Des armistices négociés, entre autres par l'intermédiaire tchadien, ont été violés régulièrement et la tentative du gouvernement de Khartoum de reprendre le contrôle a été suivie d'un rassemblement intensifié des différents groupes rebelles. Pendant les trois dernières années, la violence persistante, surtout de la part des Djandjaouids, les viols et les exécutions ont fait du Darfour une des régions les plus troublées du monde. Le 31 janvier 2005, la commission d'enquête internationale de l'ONU sur le Soudan publie un rapport qui conclut que les exactions perpétrées au Darfour constituent «des crimes contre l'humanité», mais pas un génocide. Que fait la communauté internationale ? Malgré un engagement croissant de la communauté internationale, la région est loin d'être pacifiée. La mission de l'Union africaine (Amis), forte de 7 000 hommes et présente au Darfour depuis 2004, était destinée à mener une mission de surveillance et de sécurisation des populations. Mais sous-équipée et manquant de moyens financiers, elle n'a pu efficacement accomplir sa mission. C'est pour cela que le Conseil de sécurité de l'ONU a décidé le 1er septembre 2006 qu'il continuera le travail de l'Union africaine dont le mandat est arrivé à terme. La résolution prévoit une augmentation du contingent de soldats international. Le gouvernement soudanais s'oppose à cette option en invoquant «une violation de sa souveraineté». Comme la résolution de l'ONU stipule que «le déploiement des Casques bleus au Darfour sera fondé sur un accord avec le gouvernement soudanais», la partie n'est pas terminée.