Alors que les prix des petits pois et de la pomme de terre frôlent les 80 DA, ce sont les fèves qui s'offrent à des prix oscillant entre 10 et 20 DA. Cette baisse insoupçonnée et totalement insolite, au regard de la tendance haussière qui caractérise l'ensemble de la mercuriale depuis plusieurs semaines consécutives, est en train de prendre de court les fellahs qui avaient tablé sur cette légumineuse pour engranger de substantiels revenus. Car, au fond, cette arrivée massive de ce légume, à ce moment de la campagne, n'est pas habituelle. La culture, ayant été grassement arrosée par les fortes chutes de pluie durant l'automne et une bonne partie de l'hiver, entrera en production à la faveur d'un net redoux. Ce sont ces températures favorables qui auront aidé à maturation des gousses. Si bien que les fellahs seront contraints de procéder à des récoltes répétitives, déversant sur les marchés de la région ainsi que sur les principaux axes routiers des quantités considérables de ce produit. Tant et si bien qu'en l'espace d'une semaine, les prix qui se maintenaient au-dessus de 40 DA finiront par chuter au point où certains producteurs se résoudront à libérer les accès aux champs afin que les clients fassent eux-mêmes la récolte, le propriétaire se contentant de brader les prix. Dans certains champs exposés aux vents, ce sont les brûlures du feuillage qui précipiteront la maturité des gousses, y compris les plus tendres. C'est sans doute ce phénomène à ce jour inexpliqué qui serait en grande partie responsable de ce flux incontrôlé de fèves. Le malheur des uns faisant encore le bonheur des autres, ce sont les pères de famille qui béniront pour longtemps de cette soudaine clémence du marché de la fève.