Ce n'est pas un poisson d'avril, mais une triste réalité. Elle est devancée, et de loin, par des wilayas sahariennes, comme Aïn Defla, El Bayad, Ghardaïa, Illizi, Naâma et d'autres localités encore. Même si le ratio national reste insignifiant en atteignant le 1m2/habitant, celui de Skikda est carrément médiocre, puisqu'il est de 0,15 m2/habitant seulement, comme si cette wilaya se trouve aux fins fonds désertiques. En d'autres termes, Skikda dispose, en théorie, de 132 252 m2 d'espaces verts pour une population qui avoisine les 900 000 habitants. C'est hallucinant ! Et dire que Skikda reste l'une des wilayas les plus « arrosées » du pays et disposant, en plus, d'assez de terre végétale pour faire pousser un véritable éden. Pour se faire une idée plus exhaustive, il faut retenir que la situation des 38 communes, formant la wilaya, diffère totalement. Des communes comme Ben Azzouz, La Marsa, Aïn Kechra, Béni Béchir, Bin El Ouidène, Zardezas et même la très fertile Salah Bouchaour, ne disposent d'aucun mètre carré d'espace vert. Et tenez-vous bien, à El Hadaïek, comme son nom ne l'indique pas, le ratio est de 00,00 %. Mais parlons un peu de la commune de Skikda, qui, par son statut de cité méditerranéenne et chef-lieu de wilaya de surcroît, devait en principe être mieux lotie. Ce n'est guère le cas, car il reste à admettre que depuis l'Indépendance à ce jour, et en dépit des sommes colossales dépensées ici et là, on n'est même arrivé à ériger de nouveaux jardins. Ceux qui existent datent de la période coloniale et ont même été clochardisés. Pour preuve, il suffit juste d'aller faire un tour au jardin de l'hôtel de ville pour voir pousser le chiendent. Les autres espaces, comme les fameux parcs de la Résidence, ne survivent que grâce à la longévité des espèces implantées il y a plus de 50 années déjà. Plus grave encore, et selon toujours le même document du ministère de l'Environnement, les espèces formant les espaces verts de la ville de Skikda ne devraient même pas être implantées en milieu urbain. Au moment où à Annaba, le document le précise, les espèces les plus cultivées sont constituées de rosiers, grande marguerite, frêne... à Skikda, on trouve palmiers, figuiers, eucalyptus, pins maritime et on en passe. D'ailleurs, on se souvient encore de la grande campagne de reboisement, réalisée par la municipalité au courant de ces dernières années, pour planter des…pins maritimes, plants connus pour être des arbres semi-forestiers. Cette situation nuit considérablement à la ville, qui a enregistré une grave régression en matière de couvert végétal. Un petit calcul, basé sur des données officielles, fait ressortir que le ratio des espaces verts dans la ville de Skikda, au cours des années 1970, avoisinait les 7%. Aujourd'hui, il ne dépasse même pas les 2%. Un fait qui s'explique par la densification du nombre d'habitants au moment où l'on a oublié de penser à la verdure. L'on a même dénaturé le mont Mouader (Bouabbaz) qui devait pourtant servir de ceinture verte contre les émanations des la zone pétrochimique. Et que réserve-t-on aux générations futures ? Le maire de Skikda, et lors d'une entrevue, a laissé comprendre que la commune envisage d'externaliser la gestion des parcs et espaces verts de la ville qui seront désormais gérés par des privés. Il reste juste à espérer que cette tâche soit léguée à des paysagistes confirmés et non à des bricoleurs « du dimanche » pour éviter l'interminable carrousel des dépenses inutiles qui a trop miné l'antique Rusicade.