L'Algérie connaîtra bientôt un nouveau découpage administratif. Un décret présidentiel sera en effet promulgué dans les prochains mois. L'annonce a été faite le 5 juillet par le président Bouteflika, à l'occasion du 46e anniversaire de la fête de l'indépendance, lequel semble accéder au vœu de nombreuses populations de voir un jour leur daïra promue au statut de wilaya. L'idée de créer de nouvelles wilayas ne date pas d'aujourd'hui. Elle remonte à plusieurs années et elle a fait son chemin depuis quelques mois. Noureddine Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, a évoqué, à maintes reprises, l'existence d'un projet dans ce sens, sans pour autant fournir des indications claires sur sa teneur. Cela a fait couler beaucoup d'encre et a ouvert la voie à toutes sortes de rumeurs : sept, dix ou vingt wilayas de plus… Le chef de l'Etat vient ainsi de trancher la question : pas de nouvelles wilayas dans l'immédiat. Ce serait à moyen terme. L'argumentaire avancé est le manque d'encadrement et de personnel qualifié pour ce faire. L'option qui est définitivement retenue est bien la création de nouvelles wilayas déléguées. Une expérience que connaît depuis plusieurs années Alger, qui est dotée de sept circonscriptions de ce genre. Le président de la République considère ce changement de stratégie comme « impératif » dans le redressement des dysfonctionnements multiples constatés. L'adoption de cette nouvelle forme d'organisation administrative, qui consiste à élever certaines daïras au statut de wilaya et à créer de nouvelles communes, s'inscrit, selon le chef de l'Etat, dans le souci de « répondre aux exigences de la gestion et aux besoins du développement » qui se font sentir de plus en plus dans différentes régions du pays. M. Bouteflika atteste que cette nouvelle organisation administrative tend à impulser le développement, à trouver de meilleures réponses aux problèmes du citoyen et à atténuer la tension dans certaines wilayas à forte concentration de populations. Mais aussi, elle vise à consolider la présence de l'Etat dans les régions frontalières qui vivent, indique-t-il, « des problèmes bien particuliers ». Le premier magistrat du pays, s'exprimant devant les officiers supérieurs de l'armée, affirme que « toutes les mesures nécessaires » sont prises afin d'assurer « un découpage équilibré des communes au niveau des wilayas », mais aussi « à réduire les distances entre les communes pour une meilleure gestion de proximité ». Les critères de sélection des daïras qui seront élevées au statut de wilaya déléguée sont, apprend-on de source sûre, à la fois l'éloignement, la densité de la population et la proximité avec les frontières. Le Président souligne en effet que les spécificités des régions frontalières sont prises en compte au même titre que celles du Sud non frontalières et des Hauts Plateaux. Au Nord, c'est beaucoup plus la densité de la population qui est le facteur déterminant. Notre source évoque l'existence d'une liste de plus de 100 daïras qui sont susceptibles de devenir des wilayas déléguées. Parmi celles-ci, il y a des daïras frontalières avec le Maroc, à l'image de Maghnia, région natale de l'actuel ministre de le Justice, Tayeb Belaïz, à Tlemcen. Il y a aussi dans la même wilaya, Nedroma qui est présentée comme la région du président Bouteflika, même s'il est né à Oujda, au Maroc. Ksar Chellala et Boutlelis sont les daïras concernées dans la wilaya d'Oran. Il y a également Aflou (Laghouat), région natale de l'ancien chef de gouvernement et l'actuel secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, Boussaâda, Aïn Ouessara (Djelfa) et Aïn El Beïda (Oum El Bouaghi) où est né Boubekeur Benbouzid, ministre de l'Education nationale. L'on peut citer également Ghris (Mascara), Aïn Sefra et Mecheria (Naâma), El Attaf (Aïn Defla), El Eulma (Sétif), Aïn M'lila (Oum El Bouaghi), Menéa (Ghardaïa), In Salah et In Guezzam (Tamanrasset), Bordj Badji Mokhtar et Timimoun (Adrar), Taghit (Béchar) et Djanet (Illizi). Pour le Président, cette nouvelle forme d'organisation administrative va sans doute « assurer une vie décente au citoyen ». Mais est-ce que cela va être réellement traduit sur le terrain ? Rien n'est moins sûr. Certains observateurs craignent que ces futures wilayas déléguées soient simplement des « bureaux administratifs et des budgets supplémentaires de plus » qui ne vont ni contribuer à l'amélioration de la gestion ni encore moins au développement de ces régions, et ce, à l'image des wilayas déléguées à Alger qui, pour beaucoup d'observateurs, n'ont rien apporté de plus au citoyen.