Initié par le Canada avec le soutien des pays occidentaux, qui invoquaient une «politisation» des débats «en rupture avec le consensus» d'usage au sein de l'AIEA, cet ajournement a été adopté vendredi soir par 45 pays contre 29 et 19 abstentions. De cette façon a été empêchée la tentative de 15 pays arabes, la plus sérieuse depuis 14 ans, de faire passer une résolution mettant en cause le programme nucléaire d'Israël. «Le consensus nous a échappé en dépit des efforts de nombreuses parties», a déploré le président de séance, le Sud-Africain Abdul Minty. Les pays arabes ont indiqué avoir été encouragés dans leur projet de résolution par les récents bombardements israéliens au Liban. Le texte revendiquait «l'adhésion d'Israël au TNP (Traité sur la non-prolifération) afin d'assurer un caractère universel au TNP au Moyen-Orient et de permettre la mise en place d'une zone sans armes nucléaires dans cette région». Alors qu'il y a des experts qui estiment que l'armée israélienne possède au moins 200 bombes atomiques, Israël, qui n'est pas signataire du TNP autant que l'Inde, ne reconnaît pas officiellement posséder l'arme nucléaire. La priorité, a fait valoir son ambassadeur Israël Michaeli, «est d'obtenir la paix et la stabilité et non le contrôle des armes en soi». L'initiative des pays arabes a mis dans l'embarras les pays occidentaux qui ont fait, cette année, adopter une condamnation par l'AIEA du programme nucléaire iranien, mais qui ne souhaitent pas stigmatiser Israël. La Syrie, un des principaux promoteurs du projet de résolution, a jugé «consternant» cet ajournement, estimant qu'il illustrait «de façon assez manifeste le deux poids-deux mesures en matière nucléaire». L'ambassadeur américain auprès de l'AIEA a jugé que le recours au vote constituait «une triste façon» de conclure la 50e assemblée générale de l'AIEA, qui a rassemblé, cette semaine, à Vienne, les 141 pays membres de l'agence. par le passé, l'assemblée générale a toutefois adopté par consensus, vendredi, une résolution demandant à la Corée du Nord «l'abandon de toutes ses armes nucléaires et de ses programmes nucléaires» et le retour «sans conditions préalables» de Pyongyang aux négociations multipartites sur son programme nucléaire, ainsi qu'une reprise de sa coopération avec l'AIEA.