Le candidat Bouteflika a poursuivi hier à Tébessa sa valse à deux temps à propos du traitement de la question sécuritaire. Dans une rencontre avec ses partisans à la maison de la culture de la ville, Il a réitéré sa volonté de poursuivre et « d'approfondir » la réconciliation nationale durant son prochain mandat. Tébessa De notre envoyé spécial « Je sais que votre wilaya souffre à ce jour de terrorisme. Mais mon vœu demeure l'approfondissement de la réconciliation nationale et ce quelles que soient les embûches. » En déclinant son projet, le candidat Bouteflika invite les terroristes à faire également leur choix. « Ceux qui se considèrent des nôtres sont les bienvenus parmi nous, mais ceux qui persistent dans le refus de nous rejoindre trouveront sur leur chemin les forces de l'Armée nationale populaire, les forces de sécurité et le peuple. » Ceci pour le registre sécuritaire. En termes politiques, Bouteflika s'est attaqué au courant idéologique qui sert de sève nourricière aux terroristes algériens. « Notre Islam c'est celui du cheikh Larbi Tebessi ! Il a prêché un Islam authentique tout en s'alliant avec le FLN durant la guerre de Libération nationale » a-t-il précisé, titillant l'ego local. Dans la foulée, le candidat « indépendant » s'est attaqué frontalement sans les désigner aux « forces du mal » qui alimentent la discorde en Algérie et à l'étranger. « Nous ne dépendons pas de l'internationale terroriste », tempêta-t-il contre « une quelconque force, en Algérie ou à l'étranger, qui empêche le peuple (algérien) de vivre en paix dans la République algérienne démocratique et populaire ». L'allusion aux idéologues du salafisme djihadiste y est à peine voilée. Le propos de Bouteflika pourrait s'interpréter aussi comme une autre réplique à Madani Mezrag qui l'avait violemment critiqué la semaine dernière, l'accusant de « n'avoir pas tenu promesse ». Le président candidat n'a pas manqué comme lors de tous ses meetings de campagne d'adresser ses « salutations parfumées » à l'armée nationale et aux forces de sécurité. C'est dire que l'escale de Tébessa a confirmé la règle de cette campagne qui veut que la réconciliation nationale soit le thème majeur du candidat Bouteflika à défaut de brandir un bilan clinquant. Cette wilaya de l'extrême est du pays ne semble pas avoir pris une grande part des « injazates ». Poussiéreuse et insalubre, Tébessa offre au visiteur l'image d'un grand douar loin du confort des villes modernes. Aussitôt la visite électorale terminée, Tébessa a enlevé ses atours de circonstance qui ont mis à nu la gabegie à grand frais. L'autobus qui transportait les journalistes vers l'aéroport a été pris à partie par une centaine de jeunes désœuvrés juste pour se défouler. De qui ? Allez savoir… Ces jeunes ne partagent sans doute pas le bilan « extra-terrestre » dressé par un député, puissant homme d'affaires de la région qui a prononcé un message de bienvenue à faire pâlir d'envie les fameux comités populaires de Mouammar Al Gueddafi.