Victimes des portables, des bonus et du flexy, les commerces stars des années 1990 sont de plus en plus nombreux à baisser rideau. Tournée à Alger. « Je vais fermer mon taxiphone pour ouvrir un fast-food. C'est plus rentable. » Larbi, comme de nombreux propriétaires de kiosques multiservices à Alger, voit de moins en moins de clients. Pourquoi les taxiphones sont-ils de plus en plus désertés ? Avec l'arrivée des téléphones portables et des bonus offerts par les différents opérateurs, l'activité n'est plus aussi juteuse. De nombreux taxiphones ont déjà baissé rideau ou opté pour d'autres activités plus rentables et immuables. Premier facteur de la crise : les bonus offerts par les opérateurs de la téléphonie mobile. « Avec la venue des nouveaux opérateurs étrangers et les bonus "free" ou "millenium" qui permettent de parler plus longtemps sur les portables, les taxiphones ont perdu la cote. Il y a deux ans, j'arrivais à atteindre 60 000 DA de bénéfices par mois, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui, vu que la recette la plus fructueuse ne dépasse pas les 30 000 DA », se plaint Larbi. Deuxième facteur : le fameux « flexy », devenu un geste quotidien pour les Algériens, qui attire les clients au taxiphone au détriment des cabines téléphoniques. Larbi, lui, refuse de proposer ce service pour que le client se retrouve obligé de recourir à la communication à partir des cabines. Mais notre interlocuteur reconnaît les avantages des opérateurs privés qui contribuent à rehausser son chiffre d'affaires grâce à leurs cabines privées. Des cabines murales équipées de compteurs individuels ou des lignes, qui rendent la communication moins chère vers ces mêmes opérateurs. « Une communication effectuée d'un fixe vers un autre fixe coûte 3 DA la minute, nous dit-il. Cela grimpe à 5 DA vers un portable. En revanche, le coût de la communication des nouvelles lignes du secteur privé vers le même opérateur est de 10 DA la minute et de 13 DA vers les autres opérateurs. » Mais ces nouveautés ne suffisent pas à maintenir les taxiphones à flot. Rabah, un autre propriétaire de taxiphone, septuagénaire, voit en cette crise les conséquences de la mondialisation. « Je comprends que le client choisisse l'option la plus rapide, le portable, mais ce sont les gens de ma génération qui croyaient tellement en ce commerce, qui payent aujourd'hui les pots cassés. »