Dans un pays comme l' Algérie, la croissance durable réside dans l'industrie, vient de déclarer Temmar, ministre des Participations et de la Promotion des investissements, ajoutant que le parc industiel du pays lui donne un avantage comparatif indéniable. Est-ce le signe qu'enfin le pays réfléchit à une véritable stratégie économique de développement ou bien n'est-ce qu'un propos circonstanciel s'inscrivant dans l'air du temps ? Car dans les sphères universitaires et économiques, on évoque de plus en plus «la nécessité» d'un retour à l'industrialisation, voie royale, assure-t-on, pour recycler l'argent du pétrole et répondre aux énormes besoins du pays en emplois. Le débat qui a été amorcé sur cette question par la société civile, il y a quelques semaines, est vite retombé, l'Etat n'ayant pas jugé utile de le prendre en charge ou de s'y impliquer. Peut-être que Temmar vient de prendre conscience de cette erreur et qu'il a décidé de prêter l'oreille aux différents acteurs de la vie économique, quels que soient leur sensiblité idéologique ou leur itinéraire au sein de la sphère politique. L'essentiel est là, aujourd'hui, dans la volonté et la capacité de la sphère politique dirigeante à sortir de sa tour d'ivoire et ne pas considérer l'économie comme relevant de son domaine exclusif. Il y a urgence qu'elle écoute et associe l'ensemble des intervenants dans la vie économique et les experts indépendants afin de sortir de la crise actuelle qui, exceptionnellement en Algérie, n'est pas financière mais organisationnelle. Une bonne dose de démocratie permettrait de trouver les meilleurs voies et moyens d'utilisation de l'exceptionnelle manne financière que renferment les caisses du Trésor public et également d'éviter des choix hâtifs et désastreux quant au sort du parc public industriel et du devenir du secteur privé, lequel est d'une fragilité extrême. Le revirement stratégique sur la loi sur les hydrocarbures en est la parfaite illustration : l'Etat a fait marche arrière car il ne s'est écouté que lui même. Et encore. Il est urgent de bâtir une stratégie économique qui transcende les clivages politiques et les échéances électorales et soit un dénominateur commun de tous les acteurs économiques. Cette stratégie définira, par le consensus, si l'Algérie sera régie par le tout Etat ou le tout marché ou bien par l'un et l'autre, et cela dans un contexte régional et mondial de forte compétitivité et dans la perspective du tarissement de la richesse pétrolière. Le cap sur l'industrialisation que semble prôner Temmar et divers spécialistes apparaîtra soit comme une nécessité alors, soit comme une utopie.