De Médéa, le président a fait un nouvel aveu : « Il y a un problème auquel nous n'avons pas trouvé de solution, celui de la bureaucratie. » On l'avait constaté, tous les jours des Algériens plient devant le diktat des fonctionnaires de l'Etat, pour un papier administratif, l'ouverture d'un taxiphone ou pour un projet d'investissement. Mais après le « je me suis trompé » à propos des événements de Kabylie, après « l'Algérie s'est trompée de politique industrielle », lancé pour expliquer les chaotiques réformes économiques, il y a un problème de fond. Ces aveux d'échec et/ou d'impuissance sont-ils là pour expliquer que l'équipe au pouvoir est incompétente et inefficace ou qu'il y a une fatalité structurelle qui empêche les problèmes d'être réglés ? Car si le président a le mérite d'être honnête, il avoue se tromper un peu trop souvent et reconnaît qu'il n'a pas de solutions à certains problèmes, comme celui des harraga (« Ils n'ont qu'à partir »), la corruption (« Nous n'avons pas de preuves ») ou simplement la flambée des prix des fruits et légumes (« Nous avons donné des milliards aux agriculteurs »). Pourquoi ne pas changer d'équipe ? Mauvaise question, la dialectique en cours ne consiste pas à régler ces problèmes. A Médéa toujours, le président a affirmé avoir « un programme que je mettrais en œuvre ». Pourquoi ne l'a-t-il pas mis en œuvre depuis 10 ans qu'il est président ? Mauvaise question, l'erreur est de croire que l'équipe en place, c'est-à-dire en gros la même depuis 40 ans, est là sur des critères d'efficacité alors qu'elle y est sur des engagements de continuité. Ce qui explique que depuis 30 ans, les dirigeants promettent de lutter contre la bureaucratie. Que depuis 20 ans, ils promettent de lutter contre la corruption. Et que depuis 10 ans, ils promettent de lutter contre la bureaucratie et la corruption, mais dans 10 ans.