Au départ, une information rapportée par l'agence Reuter attribuait à une source anonyme la volonté d'Anadarko de vendre ses actifs en Algérie pour une somme évaluée entre 7 et 9 milliards de dollars. Moins de 48 heures après, le PDG de la compagnie Anadarko démentait l'information. Ce n'est pas la première fois qu'une information sur la vente des actifs d'Anadarko en Algérie circule. Il y a quelques années, des informations avaient fait état de la vente de ces mêmes actifs à la compagnie italienne ENI. La compagnie italienne venait d'acquérir la compagnie britannique Lasmo, qui était associée à Anadarko en Algérie. Anadarko aurait refusé l'offre financière de l'ENI, mais aucune information officielle n'a flitré. Ce genre d'informations circule régulièrement sur le marché, mais il est difficile de confirmer les données surtout lorsqu'il s'agit d'un ballon-sonde venant de l'intérieur de la compagnie pour évaluer la situation ou bien d'un ballon-sonde qui précéderait une OPA. Toujours est-il que la compagnie Anadarko se trouve à un tournant et qu'une nouvelle stratégie d'expansion est en train d'être mise en place. Elle s'est déjà traduite par l'acquisition récente de deux compagnies. La compagnie cherche à mobiliser 12 milliards de dollars pour faire baisser son endettement après qu'elle eut acquis deux compagnies pétrolières et gazières indépendantes, à savoir Kerr-McGee Corp. et Western Gas Resources pour la somme de 21 milliards de dollars. A ce propos, Anadarko vient de vendre le gisement Gengis Khan, situé dans le golfe du Mexique, pour la somme de 1,35 milliard de dollars à un consortium composé de BHP, Hess et Repsol-Ypf. Pour revenir aux intérêts que détient Anadarko en Algérie, il faut remonter à l'année 1989. Cette année-là, la compagnie avait signé son premier contrat de partage de production avec Sonatrach. Elle était l'un des premiers investisseurs après la réouverture du domaine minier national à l'investissement étranger. Anadarko, qui était une petite compagnie indépendante, avait déjà pour principal actionnaire Sonatrach, avec environ 10 % des actions. Là où les compagnies européennes avaient échoué, c'est-à-dire dans le bassin de Berkine, Anadarko qui utilisait des méthodes nouvelles dans l'exploration avait réussi. Son travail d'exploration lui a permis de réaliser la découverte de 2 milliards de barils de pétrole avec environ une quinzaine de découvertes réalisées jusqu'à présent. Le résultat réalisé en Algérie l'a amené à avoir une dimension internationale alors qu'elle était basée uniquement aux Etats-Unis. Actuellement, elle est présente dans plusieurs continents, y compris en Chine. Si généralement on a tendance à créditer Anadarko d'une production de plus de 450 000 b/j en Algérie, en réalité ce chiffre est inexact. Anadarko est présente dans deux gisements qui ont produit au cours du 3e trimestre 2006 environ 470 000 b/j. Ce sont les gisements géants de HBNS et Ourhoud qui ont été découverts par Anadarko au début des années 1990. Dans ces gisements, la production est partagée par plusieurs associés sans compter les 51% qui reviennent à l'Etat algérien en tant que propriétaire du domaine minier. Dans ces deux gisements, Anadarko est associée avant tout à Sonatrach. Pour HBNS et Ourhoud, elle est aussi associée à la compagnie espagnole Cepsa, la danoise Maersk, l'italienne ENI (après son rachat de la compagnie britannique Lasmo), à la canadienne Talisman et à l'américaine Burlington. La part réelle qui est revenue à Anadarko de ces deux gisements géants que sont HBNS et Ourhoud est de 60 000 b/j pour le troisième trimestre 2006. Cette part est en diminution par rapport au troisième trimestre 2005 (65 000 b/j). Pour les 9 premiers mois de l'année 2006, la part d'Anadarko en Algérie a été de 64 000 b/j contre 66 000 b/j en 2005. La compagnie est aussi associée sur un autre gisement qui doit entrer en production en 2009 sur le bassin de Berkine, comme elle continue aussi d'explorer sur deux blocs qu'elle a obtenus au cours des avis d'appel d'offres organisés ces dernières années. Pour revenir à l'information concernant la vente des actifs d'Anadarko en Algérie, certaines sources ont considéré que la compagnie veut se fixer sur des projets proches géographiquement, tandis que d'autres évoquent la possibilité que la compagnie se concentre sur le gaz. La nouvelle taxe sur les superprofits dont les détails n'ont pas encore été publiés a aussi été évoquée comme possible cause de l'hypothèse de la vente. Mais si l'on se base sur la déclaration du PDG d'Anadarko faite le 16 novembre lors d'une conférence tenue en Floride, «la compagnie ne désire pas vendre ses actifs en Algérie». Le démenti algérien se basait sur cette déclaration. Dans le cas où la conjoncture évoluerait, la partie algérienne a déclaré déjà son intention d'exercer le droit de préemption.