Plus de 1 000 pêcheurs de Ghazaouet et des environs expriment, dans une pétition, leur colère à l'encontre des pouvoirs publics, après que ces derniers eurent opté pour Sidna Youcha pour la construction d'un nouveau port de pêche. « C'est tout simplement inconcevable : transférer plus de 1 000 pêcheurs, 18 kilomètres plus loin, avec tous les aléas... Nous ne comprenons pas ce choix, en ce sens que, dans un premier temps, les sites de Oued Abdallah et de Boudouala ont été retenus, mais, contre toute attente et sans concertation avec les professionnels de la mer, on a jeté son dévolu sur Sidna Youcha », une station balnéaire qui risque de perdre ses qualités naturelles et touristiques. Pire, précisent les signataires, cette « délocalisation démobilisera à coup sûr les gens du métier. La pêche disparaîtra. » Ce n'est pas l'avis des techniciens qui soutiennent que ce choix a fait l'objet « d'études approfondies et objectives très bénéfiques pour la région de Sidna Youcha, sans, bien entendu, léser les pêcheurs. » Ces derniers, qui campent sur leur position, justifient leur refus pour des raisons qu'ils jugent objectives également. « Economiquement, nous perdrons beaucoup. Ensuite, l'éloignement peut être le facteur de plusieurs aléas dont l'insécurité et d'autres désagréments. » Et puis, il faut le reconnaître, depuis la nuit des temps, ces gens humbles ont une relation sentimentale avec leur port, leur cité des Deux Frères. Ils vivent cette délocalisation comme une déportation, une expropriation (les termes ne sont pas forts). C'est ce qui explique aussi la mobilisation de la société civile qui est venue à la rescousse des pêcheurs. « On ne peut imaginer Ghazaouet sans port de pêche, ses chalutiers, ses palangriers... S'il y a 1 200 pêcheurs recensés, il y a aussi des milliers de familles vivant directement ou indirectement des produits de la mer. Et par une décision qu'on ne comprend pas, on veut faire disparaître tout cela ! » Les protestataires qui ne sont pas près de lâcher prise se sont adressés au président de la République. « Nous voulons que le port de pêche soit bâti à Ghazaouet ; nous ne bougerons pas d'ici et c'est une demande légitime que nous transmettons aux hautes autorités de l'Etat. » Touchés dans leur dignité et leur orgueil - c'est ce qu'ils ressentent en tout cas -, les professionnels de la mer souhaitent un dénouement heureux pour « éviter l'irréparable. »