Mazouni Mohamed Bachir est le fondateur de l'association de musique andalouse El Djazira et professeur de musique au conservatoire de Kouba, à Alger. Un îlot de liberté créative ! Comment a germé l'idée de l'« îlot » de la mélomanie, l'association El Djazira ? Je suis un « vétéran » de la musique andalouse. J'ai fait me premières armes au sein de l'association Fakhardjia. L'idée a germé en Tunisie, où mon frère réside. Nous avions formé un groupe avec M'hamed Teskouk, Assia et moi. Nous animions des concerts en Tunisie et notamment au Festival de la Médina à Tunis. Pourquoi avez-vous choisi El Djazira comme dénomination de votre association ? Le choix de l'appellation El Djazira, c'est tout simplement parce qu'on étaient petit et qu'on grandit dans cet espace d'expression dédié à la musique andalouse, asrie, hawzie, aroubie... Un voyage arabo-andalou avec une approche algérienne. Aussi, avons-nous créé un autre ensemble de musique de chambre. Il s'agit d'un nouvel habillage décrit par six musiciens. Un support classique universel mêlant l'arabo-andalou. Une interprétation de la musique andalouse avec un regard universaliste et puis une touche personnelle. Un sacrilège pour les puristes... Ce n'est pas un sacrilège ! La musique andalouse a besoin d'être dépoussiérée, lui conférer une clarté et de la brillance. Il s'agit de lui donner un cachet et un caractère universel. Nous voulons « récupérer » de nouveaux adeptes n'ayant pas écouté de la musique andalouse. Voir trente personnes évoluant ensemble, c'est lassant, c'est statique, c'est lourd. Il n'y a pas d'interactivité. Ce n'est qu'un point de vue. Vous allez vous fâcher avec certains... La nouba, ce n'est pas le Coran. Si on arrive à mettre en valeur notre patrimoine musical, ce sera une bonne et belle chose. L'association El Djazira fait dans le travail pédagogique pluridisciplinaire... C'est un travail d'équipe. Je suis assisté par le Dr Souilamas Nazim, un professeur de médecine et musique universelle (piano). Cela fait notre force. On voulait créer une nouvelle troupe, quelque chose de nouveau. L'association compte plus de soixante membres œuvrant entre traditionnel et moderne. Quel est l'objectif premier d'El Djazira ? Notre objectif est, tout d'abord, se faire plaisir, pouvoir donner du plaisir au public, aborder une nouvelle approche en matière de musique arabo-andalouse, perpétuer le patrimoine et, par conséquent, pousser les gens à réécouter la version originale, traditionnelle..., donner de nouvelles pulsions en intervenant sur le support mélodique de par une mise en scène, théâtralité... Une musique « intellectuelle »... C'est cet esprit-là que nous recherchons. La troupe d'El Djazira tourne-t-elle un peu en Algérie ? C'est timide ! On est plutôt invités par les associations Dziria (Khemis Miliana), Djoudour (Laghouat), celle de Biskra. Sinon, on participe dans les festivals. Le 26 décembre 2008, nous avons donné un concert un peu spécial au Palais de la Culture d'Alger. Une soirée mixte avec une troupe lilloise (France) Corps et Métaphore. Un spectacle chorégraphique, créatif et choral. D'ailleurs, face au succès de cette performance, nous allons monter un show avec cette association française prévu lors du prochain Festival panafricain d'Alger, en juillet 2009. J'espère que le projet sera accepté par le ministère de la Culture. Mais encore... La troupe El Djazira participera au Mois de la musique andalouse, Andaloussiate, organisé par l'établissement Arts et Culture. El Djazira ouvrira ce Festival en rendant hommage à Mamed Benchaouche avec la collaboration d'El Bachtarzia de Koléa, Maquam de Constantine, les Amis de Bensari de Tlemcen.... Blog : [email protected] CD : Nouba Mezmoum, Nouba Maya, Renaissance, Mosaïque, Nostalgie Siège de l'Association El Djazira Conservatoire de Kouba (mairie) Contact : 0770 35 14 20