Les conjectures vont bon train sur l'augmentation vertigineuse des prix de la pomme de terre. Plusieurs facteurs sont apparus, compromettant sérieusement la récolte de l'arrière-saison, notamment dans la wilaya de Aïn Defla, qui est connue pour être une zone à fort potentiel. La récolte a été retardée au-delà du mois de février en raison des fortes précipitations qui avaient engendré des pertes sèches. Les agriculteurs avaient lancé un SOS suite aux inondations ayant affecté des surfaces au niveau de plusieurs communes. La pluviosité abondante a eu pour conséquence le pourrissement du produit et l'abandon de bon nombre d'agriculteurs découragés et contraints à baisser les bras devant l'ampleur des dégâts. La production était vraisemblablement compromise d'avance avec la désaffection des fellahs suite aux dernières mesures mises en place concernant l'acheminement des engrais phosphatés aux concernés, nous a confié un producteur. Notre interlocuteur fera observer au sujet de ce dossier que « la paperasse et le travail agricole ne font pas bon ménage », expliquant que l'accès aux engrais nécessite un passage obligé par une procédure bureaucratique qui induit la fourniture de nombreux documents. Une démarche que beaucoup de professionnels de cette filière trouvent contraignante et les pousse à lui tourner le dos. Notre interlocuteur soulignera en outre que l'indisponibilité des engrais durant la période exigée a contribué beaucoup à déstabiliser le marché de la pomme de terre, réduisant du coup le rendement à l'hectare et créant un déséquilibre conséquent entre l'offre et la demande. Une situation qui obéit aux lois du marché lequel manque de surcroît d'organisation, précise la même source. Dans le même registre, les concernés diront avoir eu droit à 10 q d'engrais pour 15 ha et plus alors que pour obtenir un rendement maximum, disent-ils, les besoins varient entre 280 à 300q/ha. Un état de fait qui a porté atteinte à la qualité du tubercule et ouvert la voie une fois de plus à tous les excès, affirment des sources proches de cette filière puisque les engrais ont été vendus par des privés à des prix prohibitifs. Par ailleurs, on notera une réduction pour cette année. La superficie plantée a atteint 8300 ha dont 7300 ont été réservés à la pomme de terre de consommation et le reste à la semence. Une baisse a été constatée comparativement à l'année 2007-2008 au cours de laquelle la superficie était de 10 000 ha, selon des sources émanant du secteur de l'agriculture. La wilaya de Aïn Defla où l'on compte un nombre important de professionnels dans la filière fournit le marché national à hauteur de 35 à 40% avec une production de l'ordre de 5 millions de quintaux, mais une capacité de stockage sous froid pour le moins insuffisante pouvant atteindre 150 000 m3. Pour la prochaine récolte attendue entre la fin de ce mois et la mi-mai, on prévoit une production de 2,5 millions de quintaux. Est-ce à dire que les prix de la pomme de terre seront revus à la baisse ? D'aucuns estiment qu'il est encore difficile de se prononcer là-dessus en l'absence d'indicateurs fiables liés notamment à un manque flagrant d'organisation du marché, ont encore indiqué nos sources, même si des voix optimistes s'élèvent pour rassurer à la fois et les agriculteurs et les consommateurs.