La baie d'Alger est, depuis quelques mois, très encombrée par de nombreux navires en attente d'une autorisation pour débarquer la marchandise. Une situation vécue par les transitaires comme une catastrophe, du fait de ses répercussions négatives. Hier, le nombre de bateaux en rade a atteint 34, entre navires à containers et vraquiers, transportant du bois ou du rond à béton. En moyenne, une trentaine de navires est quotidiennement en position d'attente au large du port d'Alger, créant une certaine léthargie, pour ne pas dire une paralysie des activités de l'entreprise portuaire, qui se sont réduites considérablement. Pour les containers par exemple, elles sont passées de 800 à 1000 enlevés par jour et destinés aux ports secs à 15 à 200 maximum quotidiennement. Les raisons d'une telle lenteur sont multiples. Elles vont des nouvelles dispositions liées au commerce extérieur imposées par la loi de finances 2009, jusqu'à la suspension des ordres de transfert (délivrés par les receveurs des douanes) de la marchandise, dépassant le délai de 21 jours dans les ports, et l'interdiction de la revente en l'état, en passant par les nouvelles mesures de contrôle phytosanitaire et les lourdeurs administratives et bancaires. En fait, c'est un ensemble de paramètres qui a fait que la rade d'Alger est aussi encombrée depuis quelques mois. Pour faire face à cette situation, une réunion est prévue aujourd'hui au ministère des Transports avec les responsables de tous les services concernés, à savoir l'administration douanière, le commerce, les transports, les services de contrôle phytosanitaire et vétérinaires, etc. Il est urgent de trouver des solutions rapides à ces défaillances jugées très graves, qui créent un préjudice à l'économie nationale, sachant que le port d'Alger représente plus de 60% du commerce extérieur du pays. Contacté, le PDG de l'Epal, M. Bourouaï, a expliqué que le nombre de bateaux en rade est relatif, parce qu'il peut être en hausse en début de journée et connaître une baisse importante à la fin de la même journée. « Hier, par exemple, il y a avait 5 navires de rond à béton en rade et 8 en opération. Nous avions 37 navires la matinée, et l'après-midi, il y en avait 34 », a-t-il noté. Il a reconnu, cependant, que la baie d'Alger reste encombrée par les bateaux en attente, en précisant que cette situation est due à plusieurs paramètres. « D'abord, par l'importation intensive de rond à béton, du fait de la chute des prix du fer dans les marchés mondiaux. Il y a aussi le fait que de nombreux importateurs ne soient pas au courant ou ont pris connaissance en retard des nouvelles formalités liées au commerce extérieur imposées au début de cette année et qui ont engendré un dysfonctionnement au niveau de la procédure d'importation, notamment à l'arrivée au port d'Alger… », a relevé M. Bourouaï. Selon lui, ces lenteurs engendrent inévitablement un surcoût assumé par le Trésor public, puisque l'opération commerciale est effectuée en dinars par l'importateur, et c'est la Banque d'Algérie qui exécute le change en devises fortes. Il a confirmé la tenue, aujourd'hui, d'une réunion au ministère des Transports, consacrée à ce grave problème et qui doit nécessairement aboutir à des mesures urgentes à même de débloquer la situation. A signaler que ce dysfonctionnement intervient au moment où les autorités ont pris des mesures pour assainir la situation au port d'Alger, notamment le port à containers, où étaient entreposés plus de 4000 containers abandonnés par leurs propriétaires depuis des années, voire plus d'une décennie. Une mesure salutaire, diront de nombreux spécialistes, d'autant que l'entreprise portuaire était sur le point de signer un contrat de partenariat avec un leader de la gestion et de l'exploitation portuaires, Dubai Port World, pour un contrat de management du terminal à containers. Malheureusement, l'entrée en action de ce partenaire a compliqué davantage la situation, du fait surtout de l'absence d'informations à destination des opérateurs et des transitaires sur les nouvelles mesures apportées par DPW dans le cadre de l'amélioration de l'activité portuaire.