L'inquiétude est totale chez les employés de Dubai Port, partenaire majoritaire de l'entreprise portuaire d'Alger (Epal) – dans la gestion du port à containers – qui voient leurs postes de travail menacés. En effet, après une grève d'une semaine, l'employeur les a mis en demeure de rejoindre leurs postes, dans un délai de 24 heures, sous peine d'un licenciement collectif. La menace semble légitime, dans la mesure où le recours à la grève n'a pas respecté la procédure légale, notamment le préavis de grève. Ce que les travailleurs reconnaissent mais estiment que leurs revendications sont également légitimes dans la mesure où il s'agit de faire respecter la convention signée entre l'Epal et Dubai World Port (DPW), particulièrement l'article 12 qui garantit aux 250 dockers, 80 conducteurs d'engins et aux 50 pointeurs, le droit de retourner à la société mère (Epal), dans le cas où ils estiment n'avoir pas les capacités d'exercer au sein de la nouvelle entreprise. Les contrats signés avec chacune des catégories professionnelles, déclare Ouanoufi Adel, au nom de ses collègues, « a bien mis l'accent sur cette garantie. Nous avons commencé avec DPW, le 1er avril 2009, laquelle a instauré un programme de travail très dur en expliquant qu'il s'agit d'un système international de gestion qui va permettre une meilleure rémunération et professionnalisation. Beaucoup n'ont pu supporter ce rythme et il est de notre droit de réclamer le retour à la société mère, comme cela est consacré dans la convention. Nous avons émis notre vœu, mais aucune réponse ne nous a été adressée. Ils nous demandent d'attendre et cette attente a duré plus de deux mois. Au niveau de l'Epal, les responsables ont refusé de nous reprendre, si notre situation n'est pas assainie avec DPW. Alors, nous avons estimé légitime de recourir à la grève pour arracher notre droit. La grève a été entamée le samedi 25 juin, et le samedi 4 juillet, DPW nous a transmis des mises en demeure de rejoindre nos postes de travail dans un délai de 24 heures sous peine d'être licenciés ». Sur cette question, nous n'avons pu obtenir l'avis de DPW. Nos efforts pour joindre les responsables hier se sont avérés infructueux. M. Ouanoufi reconnaît que le cadre légal n'a pas été respecté et de ce fait, le personnel, dit-il, conscient de cette situation, va reprendre son travail, en attendant une meilleure organisation et surtout une disponibilité de la part de DPW et de l'Epal à prendre en charge les préoccupations des employés, d'autant que cette crise intervient au moment où le port d'Alger souffre d'un grave problème lié au nombre important de bateaux qui encombrent la rade d'Alger, depuis des mois, en attente d'une autorisation pour le déchargement de la marchandise. Le cadre légal non respecté En effet, selon des sources portuaires, à la fin de la journée de samedi dernier, 37 navires, dont 27 porte-containers, attendaient le feu vert pour accoster. Une situation jugée critique au point où un conseil interministériel (CIM) lui a été consacré, en vain. Aucune solution n'a été trouvée pour limiter les frais des surestaries qui saignent les opérateurs économiques et par ricochet le Trésor public. Selon nos sources, l'encombrement des bateaux en rade est dû essentiellement aux lourdeurs des mesures de contrôle de qualité, imposées par la loi de finances de 2008-2009. « Les agents du commerce n'arrivent plus à faire face au volume de travail. Leur nombre ne dépasse pas les 15 agents, pour faire passer 1000 containers/jour, alors que les services des douanes déploient près de 500 agents pour le même nombre de containers », explique notre source. Notre interlocuteur affirme que lors du dernier CIM consacré à cette situation, il a été proposé la création de nouveaux entrepôts sous douane, alors que ceux qui existent fonctionnent à peine du fait que les services des douanes ne leur accordent pas le traitement de la marchandise destinée à la revente en l'état. « Or, plus de 70% du commerce concernent cette catégorie de marchandises. Pourquoi, les douaniers ne veulent pas que ces produits soient acheminés vers les entrepôts sous douane ? », s'interroge notre source, qui précise : « Il n'est pas question de contester le contrôle de qualité de tout produit destiné à la consommation, mais est-ce que les services de contrôle du ministère du Commerce ont les capacités de vérifier la qualité des engins à label international ? Il y a un tri à faire pour éviter que le port ne continue à vivre une telle crise qui dure, faut-il le préciser, depuis février 2009. Cette situation a des répercussions négatives sur le marché où les consommateurs paient plus cher les produits de large consommation du fait des surestaries. »