Depuis le 1er avril dernier, le Musée national de l'enluminure, de la miniature et de la calligraphie au palais Mustapha Bacha à Alger vit sous le rythme d'une exposition d'enluminures et de calligraphie des artistes Safia Zoulid, Djazia Cherrih et Ali Mechta. Elle s'étendra jusqu'au 15 du mois en cours. Ainsi, l'enlumineuse Safia Zoulid use d'éléments géométriques, de couleurs sobres et de calligraphie. Ces éléments géométriques sont, en certaines compositions, imbriqués les uns dans les autres. En d'autres œuvres, ils forment une sorte de constellations ou ils se reflètent aussi d'une manière éparse. A l'intérieur de ces éléments, qui côtoient aussi des motifs et signes, est intégrée la calligraphie. Néanmoins, celle-ci n'offre pas au regard un aspect décoratif. Elle intervient d'une manière simple et harmonieuse parmi les autres éléments de la composition. Les trames de fond sont constituées soit de couleurs ou de formes géométriques. Dans plusieurs enluminures, la partie majeure de l'espace est réservée à la couleur. Aussi, dans les œuvres de Safia Zoulid, on ne trouve pas d'éléments anthropomorphes, phytomorphes ou zoomorphes. De son côté, l'enlumineuse Djazia Cherrih privilégie les arabesques et le jeu polychrome. Les arabesques se composent de lignes droites, entremêlées et formant des figures géométriques. Les motifs décoratifs sont phytomorphes et riches en couleurs vives et irisées. Les traits sont fignolés dégageant dans leurs croisements du flegme et de la patience. L'artiste n'utilise pas la calligraphie dans l'ornementation. Celle-ci est à dominance phytomorphe. La calligraphie Ali Mechta privilégie dans ses calligraphies la beauté de l'écriture. Ses calligraphies renvoient à la foi et au spirituel et sont dépourvues d'accessoires décoratifs. Les lettres, dans leurs entrecroisements, sont maniées d'une façon à ce qu'elles soient en mouvement. Comme elles se suffisent à elles-mêmes sur le plan esthétique. L'artiste n'utilise pas beaucoup de couleurs, il privilégie le mouvement et les traits, qu'ils soient droits, sinueux. Ce qui unit ces trois artistes, réside dans le fait que leurs œuvres interprètent l'équilibre et l'harmonie. Elles excluent la colère, les tourments pour créer cette atmosphère de contemplation et de quiétude. Une atmosphère indifférente aux vicissitude du temps, traduisant une espèce de thébaïde qui invite les âmes solitaires à savourer les effervescences sages de la sensibilité.