Si officiellement, l'Algérie s'est dotée d'une e-commission pour s'arrimer à la société de l'information, au plus tard en 2010, les premiers pas d'une stratégie dans les TIC remontent au 25 juillet 2000 lorsqu'un conseil interministériel avait adopté un programme connu sous le nom de « déclaration de politique sectorielle du gouvernement » dans les télécommunications. Jusqu'à aujourd'hui, les différents gouvernements qu'a « consommé » le président de la République, depuis son premier mandat, ne se sont pas écartés d'un iota du plan dressé du temps de Mohamed Maghlaoui, alors ministre de la poste et des télécommunications. Même le très médiatique Amar Tou, l'actuel ministre de la poste et des TIC, semble faire dans la répétition lors de ses différentes interventions à la télévision et à la radio ou lors de ses fréquentes rencontres avec la presse. Une façon à lui de rappeler que les grandes lignes du développement des TIC en Algérie ont été « scellées » lors du premier quinquennat de Bouteflika. Il aura fallu, donc, attendre le 26 mai de l'année dernière pour que le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia installe officiellement une « e-commission » chargée de dresser un état des lieux et de proposer un plan d'action pour les cinq années à venir pour faire bénéficier le maximum de citoyens des facilités que peuvent procurer les TIC dans un monde de plus en plus numérisé. Cette commission, qui est placée sous l'autorité du Chef du gouvernement se compose des ministres de l'intérieur et des Collectivités locales, de la Justice, des Finances, de la Poste et des TIC et de l'Industrie ainsi que du président de l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT). Elle se fait aider dans son activité par un comité technique. L'absence d'une représentation du secteur privé dans cette e-commission laisse sceptiques certains observateurs qui voient en elle une autre commission comme il en a été créé en Algérie depuis l'indépendance. Un acteur du monde de l'internet ironise en affirmant que « l'efficacité de la e-commission se mesure au tapage qui a été fait autour de la disparition de TPS pour quelques jours quand personne n'a fait attention à la désaffection des Algériens vis-à-vis de l'Internet ». Un autre se dit scandalisé par l'absence de transparence de cette e-commission. « Je ne peux pas faire confiance à une structure qui veut promouvoir les TIC lorsqu'elle n'est même pas dotée d'un site Web », explique-t-il. Etat des lieux et plan d'action Quoi qu'il en soit, la e-commission a dressé un état des lieux des TIC en Algérie qu'elle a arrêté au 30 juillet dernier et qui a été présenté fin décembre aux médias. Selon le document de présentation, le comité technique a tenu 15 séances de travail, entendu 31 ministères et 17 organismes et organisé des rencontres et des séances de travail avec des experts sud-coréens sur l'expérience de la Corée du Sud en matière de e-gouvernance. De cet état des lieux, il en ressort que dans la plupart de ces ministères et organismes il y a « confusion entre e-gouvernance et informatisation ». La commission a enregistré, entre autres, une insuffisance de la connectivité à l'ordinateur, frais élevés de la bande passante par rapport au marché mondial, absence de statistiques sur le parc informatique, nombre de sites web insuffisants aux contenus primaires et statiques... Toutefois, elle a noté quelques réalisations comme le déploiement avancé du système de retraits et de transferts de fonds (CCP, mandat et CNEP en ligne), le système de demande et de retrait du casier judiciaire auprès de tout tribunal qui est opérationnel en ligne, le téléchargement de formulaires de déclaration d'impôt et la simulation en ligne de son calcul. Le plan d'action proposé par la e-commission est, en fait, un échéancier. Elle ne précise pas comment, elle compte arriver aux résultats escomptés ni les fonds nécessaires. Entre autres actions, elle propose d'engager immédiatement une étude pur déterminer le parc informatique national et prévoir son recensement lors du recensement général de la population en 2007, la mise en place, au 1er semestre 2005, d'un site web concernant le recensement des opérateurs algériens activant dans le domaine des TIC. Elle promet aussi de mettre en place le fichier national des cartes grises (juin 2005), l'accès en ligne des assurés sociaux et la carte à puce de la CNAS (fin 2007)... En tous les cas, tout un programme que seul le site Web, à créer, de la e-commission peut réunir et non cette page multimédia !