Ils sont vraiment très rares les ministres ou cadres de l'Etat qui reconnaissent et disent des vérités avec une pareille honnêteté. Il faut que chaque famille soit dotée d'un micro-ordinateur. Voilà une farce que les ministres qui se sont succédé à la tête du secteur des nouvelles technologies, Amar Tou et Boudjemaâ Haïchour, ont voulu faire avaler aux Algériens. «Quelle est l'utilité de doter les Algériens de ce moyen?», s'interroge le ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la télécommunication (Ptit), Abdelhamid Bessalah. Intervenant hier lors d'un Symposium national organisé par le Cnes (Conseil national économique et social), M.Bessalah avoue sans détour que «l'Algérie accuse un énorme retard en matière des technologies de l'information et de la communication (TIC)». N'ayant pas sa langue dans la poche, le premier responsable de la PTic passe tout de suite au constat. Et quel constat! A entendre les chiffres défiler devant l'assistance, d'aucuns sont restés groggy, abasourdis. A commencer par l'opération un micro-ordinateur pour chaque famille dénommée «Oustratic». Cette mesure, annoncée tambour battant, par l'ancien ministre de la PTic, a connu un cuisant échec. Entamée en 2005, elle devait concerner 5 millions d'Algériens, à l'horizon 2010. Trois ans plus tard, seuls 50.000 PC ont été vendus! En d'autres termes, le ministre reconnaît une situation catastrophique qu'il a héritée de ses prédécesseurs et semble dire: «Oui, mon secteur va mal.» Ils sont vraiment très rares les ministres ou cadres de l'Etat qui reconnaissent et disent des vérité avec une pareille honnêteté. D'où la pertinence de la question lancée par Abdelhamid Bessalah: «A quoi une opération pareille servira-t-elle quand le e-billet, la e-justice, la e-commune, la e-santé, la e-éducation, la e-gouvernance de manière générale ne fonctionnent pas? Quelle est l'utilité pour un simple citoyen de se doter de l'Internet s'il ne peut pas l'utiliser d'une manière pragmatique?», s'interroge M.Bessalah. Il faut savoir que, de par le monde, le développement des technologies de l'information et de la communication est tel que plusieurs documents administratifs sont demandés par Internet. Aujourd'hui, de par le monde, le citoyen n'est pas obligé de se rendre à la justice pour retirer un papier dont il a besoin, il n'est pas tenu de faire la queue devant un guichet de la commune pour se faire délivrer un acte de naissance et il est capable d'acheter son billet d'avion sans bouger de chez lui. Toute ces opérations se font grâce à l'Internet En Algérie, cela relève encore de la science-fiction. Si ce genre d'actions est déjà en vogue pour la réservation de billet de voyage, néanmoins, pour les autres opérations, il faudra peut-être attendre Godot. L'attente devient d'autant plus interminable lorsqu'on sait que l'accès à Internet est très limité. Pour le moment, le réseau de connexion à Internet haut débit (Adsl), n'est constitué que de 400.000 lignes. Ce qui est en deçà de la demande. Le constat devient d'autant plus inquiétant lorsqu'on apprend que le nombre de fournisseurs d'accès à Internet va décroissant: après avoir été de 76 en 2000, il est descendu cette année jusqu'à la barre de 25 fournisseurs. Le marché des TIC, lui, connaît un développement très timide: il représente 3,38% du PIB. La population activant dans le domaine, quant à elle, est estimée à 1,18%. S'agissant du nombre d'internautes, il est passé de 10.000 en l'an 2000 à 3,2 millions en 2007. Comment faire pour rattraper le temps perdu? Abdelhamid Bessalah a annoncé qu'une stratégie s'étendant jusqu'en 2013 a été adoptée. Elle est basée sur plusieurs objectifs, dont les ressources humaines, l'acquisition du matériel et mener une action de concert avec les entreprises pour les inciter à aller davantage vers les TIC. Il faut souligner, par ailleurs, que le seul créneau dans le domaine des TIC à connaître un réel boom, est bien celui de la téléphonie mobile. Le nombre d'abonnés est estimé actuellement à près de 29 millions, dont 14 millions d'abonnés pour Orascom Télécom Algérie (OTA), 10 millions pour Algérie Télécom Mobilis (ATA), et 5 millions pour Wataniya Télécom Algérie (WTA). S'agissant des chiffres d'affaires réalisés par lesdits opérateurs, ils sont respectivement de 125 milliards DA pour OTA, 40 milliards DA pour ATA et 25 milliards pour WTA.