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« Les élites ont une part importante de responsabilité » Kader Abderrahim. Chercheur à l'Institut des relations internationales et stratégiques, France
Depuis la guerre du Golfe, qui a provoqué une réelle fracture politique, subsiste un malaise que les pays arabes ne sont pas parvenus à résoudre. Si les régimes ont une énorme part de responsabilité, les élites intellectuelles et politiques – qui se sont parfois laissé corrompre – ont aussi largement la leur. Malgré les bouleversements successifs, les régimes en place disposent d'une redoutable capacité à se maintenir au pouvoir. Ceux qui étaient au pouvoir il y a vingt ans sont toujours là. A côté des régimes « fermés » comme ceux de la Libye, de l'Irak, de la Syrie, d'autres régimes, « hybrides », comme le Soudan, le Yémen, le Maroc ou l'Algérie, ont choisi de faire coexister les espaces de liberté et un exercice autoritariste de l'Etat. Alors pourquoi les pays arabes n'ont-ils pas réussi leur transition démocratique comme l'ont fait l'Indonésie, l'Afrique du Sud, le Sénégal ou l'Argentine ? Il n'y a pas de fatalité. Ce sont les conditions historiques qui font qu'à un moment émergent des groupes ou des mouvements qui réfléchissent à une alternative politique. Les pays arabes, globalement, n'ont pas connu cela, même si ce n'est pas tout à fait vrai pour la Jordanie ou l'Egypte. Les régimes ont une forte capacité à contenir toute forme d'opposition mais surtout, on ne peut pas attendre de changement d'une génération spontanée. Il faut un véritable mouvement, capable d'incarner réellement différents courants de la société, militer pour un projet politique… Il est clair que ces régimes ne sont pas prêts à ouvrir le champ politique, mais les élites ne doivent pas se contenter des miettes. Elles doivent se constituer une vraie légitimité.