En effet, dès le petit matin il y a foule au souk, agglutinée autour des étals de friperie, s'attardant devant les camelots, recherchant du regard la bonne affaire, négociant des vieilleries, ou tout simplement flânant sans but d'achat précis. Il est 8h30 et déjà, nous dit-on, les plus belles affaires ont été réalisées, et que les lève-tôt ont tout raflé. Au gré de notre progression, une aire réservée à la vente d'oiseaux semble attirer une frange importante de visiteurs. Les marchands proposent du millet ainsi que des accessoires de tous genres, perchoirs, mangeoires, cages, et bien sûr un florilège d'oiseaux. Pour 1200 DA, vous ferez l'acquisition d'un canari ou d'un couple de perruches. Quant au poisson rouge, il se négocie généralement à 120 DA l'unité. En retrait, un groupe compact de personnes, forme un mini souk, spécialisé dans la vente et l'achat de téléphones portables neufs et d'occasion. Ce genre de transaction est, selon quelques personnes habituées du lieu, risqué, car le recel est une pratique courante, nous affirme-t-on. « Méfiez-vous des prix trop bas », nous confie-t-on. En se frayant une vue au travers d'une foule penchée sur un étal, nous découvrons plusieurs articles dont on fait l'éloge. Il s'agit de produits made in China, la paire de chaussures ou de baskets à 500 dinars, dessus et dessous synthétique « garanti » ; « l'odeur du plastique est trop prononcée », s'exclamera un acheteur potentiel. Un autre vendeur propose de la quincaillerie également importée de Chine, de la camelote qui s'use prématurément. Des articles issus de l'industrie textile et électrique chinoise (allant de l'effet vestimentaire à la perceuse électrique) règnent en maîtres sur les étalages. Dans toute cette histoire, ce sont des marques et labels de renommée planétaire qui font office d'attrape-nigauds, et les petites bourses sont les premières à être piégées malgré elles. La contrefaçon est criarde et l'on se demande comment de tels produits ont fini par atterrir dans nos souks. Néanmoins, le trafic est juteux puisque nous savons que le coût de production, et, à titre d'exemple, une paire de chaussure de 4e choix vendue au prix de détail à Guelma 500 DA, a coûté en réalité 30 centimes d'euro, prix d'usine en Chine. Nous n'avons pas fini de faire le tour du souk, qu'il est déjà 11h 30 et les Guelmis repartent chez eux, quelques victuailles au fond d'un sac de plastique, car fruits et légumes et autres denrées alimentaires s'y vendent aussi. « Je me suis fait 260 dinars aujourd'hui », nous avouera un jeune, ayant écoulé quelques objets que sa mère lui a demandé de vendre. Un revers de la médaille et pas des moindres, une façon de joindre les deux bouts pour une grande partie des gens qui fréquentent le souk hebdomadaire de Guelma.