Les « saisonniers » de la politique étaient à nouveau humiliés par un score écrasant de 90,24% des voix pour Bouteflika. Rien à savourer ! Excepté éventuellement le fait d'avoir joué le rôle de lièvres aux frais de la princesse. Il y a eu déjà cette déshonorante gifle contre Djahid Younsi et Mohamed Saïd, deux inconnus, mal armés, qui représentaient le dernier escadron de la mouvance islamiste. Inconnu de la scène politique, Djahid Younsi, actuel dirigeant d'El Islah et ex-rival de Abdellah Djaballah au sein du parti, n'a eu droit qu'à une insignifiante partie des voix, soit 1,37% seulement. Son compagnon de la même classe des islamistes, Mohamed Saïd, de son vrai nom Belaïd Mohand Oussaïd, a eu droit à 0,92% des voix. C'est un inconnu au bataillon qui peine à vieillir dans le métier. Il a fait ses premiers pas dans le monde politique par sa tentative de créer le Parti liberté et justice (PJL), une organisation, dit-on, d'obédience islamiste qui n'a pas encore été agréée par les autorités. C'est la fin des haricots pour ces deux lièvres qui viennent ainsi de perdre l'ultime course de (re)classement. Ali Fawzi Rebaïne, président de Ahd 54, un parti qui se veut nationaliste, a été classé, quant à lui, à la cinquième place avec seulement 0,93% des voix. Il ne fait parler de lui que toutes les cinq années, à l'approche d'une élection présidentielle. Déjà candidat en 2004, Ali Fawzi Rebaïne n'a obtenu que 0,64% des suffrages, soit 65 073 voix et fut classé ainsi lanterne rouge. Ces candidats qualifiés par beaucoup de « pions » de l'échiquier politique algérien viennent de reconnaître au bout d'une campagne électorale qu'ils avaient animée que les jeux étaient déjà faits. « Même si les dés sont pipés, l'expérience en vaut la chandelle », a reconnu Mohand Saïd, alors que Louisa Hanoune, après avoir applaudi la récente révision de la Constitution, avait expliqué aussi que sa participation répondait au souci et à la nécessité de « préserver l'intérêt national ». Un aveu d'échec ! Voire pire. Louisa Hanoune, présidente du Parti des travailleurs (PT), a été elle aussi sévèrement sanctionnée par les suffrages. La patronne trotskiste n'a obtenu que 4,22% de voix, suivie de Moussa Touati, président du Front national algérien (FNA), avec 2,31% des suffrages. Une véritable humiliation ! Le président du FNA, après avoir mené une campagne contre l'abstention, n'a point hésité à déclarer que le taux réel de participation ne devrait pas dépasser les 20%. Sans aucun passé politique, Moussa Touati, un clone du FLN, a commencé à goûter aux délices de Capoue après avoir créé le FNA en 1998, agréé le 3 septembre 1999. Avant cette date, Moussa Touati mangeait dans la main de certaines associations satellites du FLN, à l'instar de l'Organisation nationale des enfants de chouhada (ONEC) et la Coordination nationale des enfants de chouhada (CNEC). Les derniers du classement, Mohamed Saïd, Djahid Younsi, Ali Fawzi Rebaïne et Moussa Touati n'ont pu obtenir qu'un total de 5,53% des suffrages. Si l'on comptabilise les voix obtenues par la patronne du PT, le total fera 9,75% des suffrages, un total de voix jamais obtenu, à la fois, par cinq candidats à la présidentielle dans l'histoire des élections pluralistes en Algérie. Après cet échec humiliant, l'on redoute un avenir encore plus sombre pour ces partis dits « saisonniers de la politique ».