L'islamisme politique en Algérie semble avoir perdu encore une fois du terrain au vu des résultats de la dernière élection présidentielle. Avec le score de 1,37% de voix qu'a réalisé le candidat d'El Islah, Djahid Younsi, à cette élection, c'est un constat de recul de la mouvance islamiste sur la scène politique. Mohamed Djahid Younsi, qui a représenté à cette bataille électorale la mouvance islamiste modérée, n'a pas réussi en tout cas à attirer les voix de ses prédécesseurs. Le chef de file d'El Islah était loin d'égaler le score enregistré par Abdellah Saâd Djaballah en 2004, qui avait enregistré un taux de 4,84%. C'est dire que le pari du candidat d'El Islah qui avait comme objectif de relever le défi de la représentation islamiste dans le champ politique national dans cette « compétition », n'a pas été atteint. Du coup, le second souffle tant espéré par la mouvance islamiste n'a pas eu lieu. Le « malheureux » candidat, Djahid Younsi l'a reconnu d'ailleurs après la proclamation des résultats de la présidentielle en déclarant que « le rêve est encore long ». Il faut dire que le premier responsable d'El Islah est en perte de vitesse depuis le retrait de l'ex-fondateur de ce mouvement et d'Ennahda, Saâd Djaballah. Ce recul s'explique-t-il par un manque de charisme du leader d'El Islah ? Rien n'est moins sûr. Mais ce qui est certain, c'est que la rupture des islamistes avec leurs électeurs ne date pas d'aujourd'hui. Elle est devenue de plus en plus récurrente ces dernières années. Il n'est pas sans évoquer les élections législatives et municipales de 2007 au cours desquelles les différents partis de cette mouvance avaient fait état d'un net recul des représentants islamistes sur le terrain. A cette époque, trois partis réunis (MSP, El Islah et Ennahda) n'auront recueilli qu'un peu plus de un million de voix sur les 18 millions d'électeurs inscrits. Les raisons sont multiples. La désillusion constatée ces dernières années dans les rangs des islamistes en serait déjà la première explication. Les multiples crises intestines qu'ont connues les partis islamistes et le désintérêt de la population pour le discours religieux peuvent également constituer une raison de ce déclin de la mouvance islamiste. Cela sans compter l'autre - qui n'en est pas la moins importante aussi -, celle que les partis islamistes ne sont plus représentatifs de l'islamisme radical. Les Algériens se prononcent de plus en plus sur leur refus de cautionner l'instrumentalisation de la religion à des fins politiques. En tout état de cause, les résultats des élections de ce jeudi ont révélé un nouveau reflux des islamistes. Et Djahid Younsi a subi un double échec. Celui d'avoir perdu les élections et celui d'avoir laissé son rival, Djaballah, se replacer à la tête de la mouvance islamiste. Abdallah Djaballah a eu déjà les faveurs de plusieurs militants de la mouvance islamiste. S'il est permis de parler de perte de terrain de la mouvance islamiste, cette dernière, par contre, n'est pas défaite. Et dans ce cadre, Saâd Djaballah annonce déjà la couleur en voulant réconcilier tous les enfants d'Ennahda. Celui-ci est, dit-on, animé d'une grande volonté de revenir sur la scène politique. Il veut certainement profiter de l'« échec » de Younsi qui s'est encore fragilisé lors de la dernière élection. « Nous activons sur deux fronts. Il s'agit en premier de créer un front de l'opposition et de concilier tous les enfants du mouvement Ennahdha », a déclaré dimanche Djaballah à un confrère. Ce dernier réussira-t-il là où les autres chefs de la mouvance islamiste ont échoué ?