L'année 2009 est surtout marquée par la réélection du président Bouteflika pour un troisième mandat qui s'achève en 2014. La scène politique aura été relativement calme pour cette année 2009. Un fait majeur cependant et pas des moindres : la réélection du président Abdelaziz Bouteflika pour un troisième mandat consécutif. Cette réélection, qui a connu son aboutissement le soir du 9 avril 2009, s'est chronologiquement déclinée sur plusieurs temps sur fond de faux suspense. C'est Abdelaziz Belkhadem, l'âme damnée de Bouteflika, à qui il doit d'ailleurs sa remise en grâce, qui donne, le premier, le signal d'un troisième mandat, alors que le second est à peine entamé. En brave héraut, à chacune de ses sorties médiatiques, il enfonce un peu plus le clou, liant ce troisième mandat à la révision de la Constitution, devenue dès lors un chantier prioritaire du FLN. Si l'annonce du troisième mandat est destinée au grand public, le message subliminal, lui, est envoyé aux “décideurs” sommés à prendre acte déjà en attendant la suite des évènements. Pendant de long mois, Belkhadem prêche en solitaire. Au point d'agacer ses partenaires au sein de la coalition présidentielle. Notamment Ahmed Ouyahia qui montre au début quelques réticences à cautionner le projet. Il est vrai qu'en haut lieu, les choses n'étaient pas encore claires. Entre-temps, le patron du FLN met en place une commission au sein du parti chargée de cogiter un projet d'amendement de la Constitution. Les comités de soutien au programme du président de la République, jusque-là sur la réserve, entrent en scène avec un activisme médiatique qui ressemble à de la concurrence déloyale vis-à-vis de Belkhadem, l'initiateur du projet. Pendant que la bataille entre partisans et adversaires du troisième mandat fait rage, le président Bouteflika garde de la hauteur à partir d'El-Mouradia, faisant comme s'il n'était pas concerné. C'est à l'agence Reuters qu'il fait part de son intention de faire amender la Constitution pour mettre fin aux “ambiguïtés” du système politique, à ses yeux bicéphale. Dans cette dépêche, il ne pipe pas mot sur son intention de briguer ou non un troisième mandat. Et alors que la machine FLN et comités de soutien en faveur du troisième mandat sont bien emballés, le président Bouteflika continue d'entretenir le suspense, prenant un vif plaisir à démentir systématiquement ceux qui conjecturent l'imminence de sa candidature. Cependant, un grand pas dans ce sens est franchi à l'occasion de l'ouverture de l'année judiciaire en 2007. Ce jour-là, le président Bouteflika révèle en prélude de son discours son intention de faire amender la Constitution. Un amendement visant à faire sauter le verrou de la limitation de mandats, mais dans un emballage sous forme de dispositions sur la défense des symboles de la nation et la promotion politique de la femme algérienne. Redoutant les risques d'une consultation populaire, avec un peuple depuis longtemps revenu de ses illusions électorales, le président Bouteflika opte pour la voie parlementaire. Evidemment, le projet de révision passe comme une lettre à la poste. Dans l'intervalle, le chef du RND surmonte ses réticences et se fait même l'avocat de la révision constitutionnelle, en apportant un soutien franc à la candidature du président Bouteflika. Le MSP, pourtant en proie à une guerre fratricide entre “aboudajristes” et “ménasristes” s'aligne. Un consensus politique se fait autour de cette révision. À l'exception notoire de quelques voix dans l'opposition qui ont dénoncé “le coup d'Etat constitutionnel”. La grosse pointure ayant compris que la messe était déjà dite boude cette élection. Place alors aux lièvres pour donner l'apparence de pluralisme. Louisa Hanoune, Moussa Touati, Djahid Younsi, Mohamed Saïd et Fawzi Rebaïne décident de se mettre sur les starkings blocs. Persuadé que les candidats sérieux refusent de jouer, le président Bouteflika se résout alors à annoncer sa candidature : un certain 12 février à la coupole du 5-Juillet dans un show à l'américaine. Une fois la candidature de Abdelaziz Bouteflika actée, cap sur la participation, qui devient le seul enjeu de cette élection. Yazid Zerhouni, l'architecte des précédents mandats, remet de nouveau la machine en marche. Révision des listes électorales. Re-révision exceptionnelle. Création de bureaux spéciaux dans les universités. Porte-à-porte de “suffragettes” pour convaincre les citoyens à voter. Caravane électorale de Djamal Ould-Abbès. Bref, il faut booster la participation. “Un président qui n'est pas élu à une majorité écrasante n'est pas un président”, lance le candidat Bouteflika, dans un des ses meetings de campagne. Le résultat officiel est à la mesure des moyens déployés avec une participation record de plus de 16 millions de votants, dont 12 911 707 de voix pour le candidat Bouteflika qui axe, à travers ses meetings, sa campagne sur “la continuité et la stabilité”. Les autres candidats ont droit à des clopinettes. Pour prolonger l'illusion de pluralisme, ils vont même jusqu'à dénoncer “la fraude”. Le Conseil constitutionnel de Boualem Bessaïeh oppose à leurs jérémiades un niet catégorique et met du coup un point final à l'élection de Abdelaziz Bouteflika pour un troisième mandat qui s'achève en 2014. Est-ce le dernier ?