Le candidat d'El Islah, Mohamed Djahid Younsi, a dénoncé hier ce qu'il a qualifié de « fraude massive en direct et flagrante » lors de l'élection présidentielle du 9 avril 2009. « On avait un grand espoir que ces élections se déroulent dans des conditions démocratiques, mais ce qui s'est passé était le contraire », a-t-il regretté, hier, lors d'une conférence de presse, tenue au Centre international de presse (CIP), à Alger. « C'était finalement un rêve, un rêve qui nécessite un long combat », a-t-il indiqué. Djahid Younsi qui est arrivé en quatrième position, avec 1,37% de voix d'après les résultats officiels, estime que les résultats qu'a fournis le ministre de l'Intérieur « sont ceux d'une fraude mais pas d'une élection ». Du coup, il rejette le score obtenu par le candidat Bouteflika. Djahid Younsi se dit convaincu qu'il n'y a pas eu de candidat qui a eu une majorité absolue. « C'est un classement planifié », a-t-il estimé tout en précisant qu'« aucune wilaya n'a échappé à la fraude ». Et d'ajouter : « Ils ont bourré les urnes après avoir chassé nos représentants. » « Nos observateurs ont été chassés des bureaux de vote. Ils étaient victimes de menaces et d'agressions », affirme-t-il. « Profitant de leurs absence, ajoute-t-il, ils (les agents de l'administration, ndlr) ont procédé au bourrage des urnes. » M. Younsi citera également des cas où « il a été carrément procédé au remplacement des PV par d'autres au niveau de certaines APC ». Autre cas, cite-t- il encore, « des bulletins du candidat Bouteflika ont été retrouvés dans des boîtes aux lettres dans la matinée du vote ». Pour lui, « la nouveauté, cette fois-ci, c'est que la fraude s'est fait discrètement ». Le président d'El Islah accuse les présidents d'APC et les agents de l'administration d'être à l'origine de cette fraude. « L'administration était impliquée avant et pendant la campagne électorale et lors du scrutin », a-t-il estimé. Il affirme avoir saisi durant la journée du vote le président de la Commission politique de surveillance des élections pour lui signaler des cas de fraude mais sans résultat. Il considère que les résultats de cette élection ne donneront pas de crédibilité au système. Ce qui est certain, ajoute-t-il, c'est que « ce vote ne reflète pas la volonté du peuple ». Ces résultats n'honorent ni l'image de l'Algérie ni celui qui les annoncés. Cette élection ne peut que fragiliser le pays intérieurement et vis-à-vis de l'étranger, a-t-il encore estimé. Djahid Younsi a également remis en cause le taux de participation qui, selon lui, ne dépasserai pas le un tiers de ce qui a été annoncé par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. « Il ne dépasserai pas les 25% », a-t-il estimé. Il considère par ailleurs qu'avec les 200 700 voix qu'il a obtenues sa formation a fait une progression par rapport aux législativex de 2007. Même si, reconnaît-il, les résultats de ce vote ne constituent pas une référence pour lui. Younsi compte faire dix recours au Conseil constitutionnel. Le seul élément positif qu'il a relevé lors de cette élection est le fait que tous les candidats aient fait des discours « propres » lors de la campagne électorale. Il estime enfin que le changement dans notre pays nécessite de la persévérance et la patience pour arracher le droit des Algériens.