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Entre livre d'histoire et dictionnaire biographique
Publié dans El Watan le 31 - 01 - 2007

Le volume consacré au Maroc a été publié chez le même éditeur en France en 1996 et à Casablanca (Maroc) aux éditions Eddif en 1998. Celui sur la Tunisie est en voie d'achèvement. Le volume Algérie, avec ses 608 pages et ses 500 biographies, est le plus volumineux des trois. La raison est à rechercher dans l'histoire du colonialisme au Maghreb. Colonie de peuplement, l'Algérie était partie intégrante de la France. Les luttes politiques et syndicales, sans totalement se confondre étant donné la spécificité socio-historique de la colonie et de la France, fonctionnaient à l'identique.
Connu pour ses travaux sur l'Algérie et le Maghreb, René Gallissot, professeur émérite à l'Université Paris 8, nous livre dans le volume Algérie le résultat d'une recherche qui aura duré 20 longues années. En réalité, la quête de l'information historique, comme il le dit lui-même, a commencé à partir de 1960-1962. Cet ouvrage vient combler un énorme vide. Depuis quelques années déjà, rares sont ceux qui s'intéressent en Algérie à la question sociale. Celle-ci ne fait d'ailleurs l'objet d'aucun enseignement à l'université. Le syndicalisme, véritable école pour de nombreux cadres du FLN et de l'UGTA, est comme banni de l'histoire nationale. Luttes syndicales et politiques, réformisme et radicalisme, communisme et nationalisme était l'expression de cette Algérie en devenir. Formés à l'école du syndicalisme colonial en Algérie à prédominance européenne, les Algériens d'origine européenne sont majoritaires dans le volume Algérie. Ne pouvant s'accommoder de la ligne des partis/syndicats coloniaux, les militants algériens se démarquent. La lancinante «question nationale» est tranchée par le passage à l'«autonomie» syndicale. La création à Nanterre de l'ENA constitue un moment fort dans la combinaison/conversion qui s'opère en Algérie entre mouvement syndical/mouvement politique. La radicalisation syndicale préfigure de ce que sera la radicalisation politique.
Le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier est une recension des figures politiques, syndicales et intellectuelles qui ont marqué l'Algérie du milieu du XIXe siècle jusqu'à l'indépendance. Citons parmi ces marqueurs de l'histoire nationale, Hadj Messali, Mohammed Marouf «l'homme de la CGTU», Ahmed Akkache et bien sûr en bonne place, puisque le premier de l'alphabet français, le chahid (même s'il a été victime d'une liquidation de la part des siens) Abane Ramdane, suivi quelques pages plus loin des chouhada Idir Aïssat et Larbi Ben M'Hidi. Le président du GPRA Benyoucef Benkhedda, Ammar Ouzegane, Hadj Abderrahmane Bouchama, côtoient Henri Alleg ou encore Henri Curiel. Une même cause unit M'hamed Yazid à Pierre Chaulet, Maurice Audin et tant d'autres Algériens d'origine européenne. Cinq-cent biographies d'hommes et de femmes dont une figure connue et ignorée à la fois, Nacima Hablal, secrétaire de R. Abane. Les ouvriers agricoles (Tahar Ghomri), les dockers (Driss Oudjina, Campos), les traminots et les cheminots (Amara Ferchioukh, Jacques Bentolila), les tolbas et les étudiants (Tahar Mohamed Kateb, Yacine Kateb), les enseignants (Djelloul Benkafat, Edouard Camizon), les infirmiers (Bachir Bendimered), les artistes (René Vautier) et tant d'autres acteurs du mouvement social aujourd'hui oubliés, viennent de trouver leur juste place dans ce dictionnaire qui s'ouvre par une «chronologie politique de la résistance à la conquête, jusqu'à l'indépendance». Soit du débarquement de l'armée de Bourmont le 5 juillet à Sidi Fredj à janvier 1963, date de la mise sous tutelle du parti unique de l'UGTA par le président Ahmed Ben Bella.
La dense introduction intitulée Histoire coloniale, Histoire nationale ; à la recherche des bases du mouvement ouvrier», est une synthèse de l'occupation coloniale et son pendant, les vagues successives d'immigrés européens qui parachèveront l'œuvre des officiers coloniaux. Le résultat, ce sera la déstructuration à terme de la société algérienne. Le lecteur ne manquera pas de relever l'ambivalence des luttes : syndicalisme colonial, communisme, émigration, algérianisation de la CGT, nationalisme, mouvement national. Après les expropriations et les révoltes armées, après le «temps des mouvements nationaux» les massacres du 8 Mai 1945, cèdent la place durant la décennie 1950-1960 à de nouvelles victimes du colonialisme. Celle de la répression, de la torture. C'est le temps des suppliciés, des exécutés de Barberousse, des «corvées de bois», des «crevettes de Bigeard», des zones interdites, de Massu, des services spéciaux, des paras, de la main rouge, de l'OAS. Mais c'est aussi le FLN contre le MNA, Mellouza et la «bleuite» Abane et les autres. Toutes ces histoires qui ont concouru à faire l'histoire de l'Algérie en quête pour son émancipation, ne se laissent lire qu'à travers des parcours ciblés et croisés. Autant d'histoires individuelles, devenues collectives par leur trajectoire et plurielles par leur approche biographique.
Radioscopie d'une Algérie effervescente et bouillonnante, à la croisée des chemins. Le pays entame secrètement sa marche forcée vers ce qui deviendra la Lutte de libération nationale. Cette longue et complexe histoire du mouvement ouvrier algérien, plus complexe encore quand on sait qu'il ne s'agit ni d'une étude historique ni encore moins d'une approche théorique mais d'une recherche biographique, n'a été possible, dès 1970, que grâce à des pionniers dans le domaine de la recherche sur le mouvement social en Algérie comme le défunt Abderrahim Taleb-Bendiab suivi de Nora Benallegue, auteur d'une recherche entamée dans les années 1980 et publiée en 2004 sous l'intitulé : Algérie, Mouvement ouvrier et question nationale 1914-1954 ; ou encore celle de Amar Benamrouche : Grèves et conflits politiques en Algérie (2000). Les témoignages de syndicalistes européens et algériens, comme c'est le cas de ce «grand témoin de la CGT à l'UGTA», Boualem Bourouba, auteur d'un ouvrage non moins témoin, intitulé Les syndicalistes algériens, De l'éveil à la libération (1992), ont été d'un précieux apport dans la réalisation de ce dictionnaire biographique sur le mouvement algérien qui a abondamment bénéficié de l'appoint de chercheurs français comme L. P. Montoy, auteur d'une admirable thèse intitulée La presse dans le département de Constantine 1870-1918 (1982), des travaux de J. L. Planche ou encore du savoir et du savoir-faire de Fouad Soufi, conservateur à l'époque des archives de la wilaya d'Oran. L'exploitation de la presse, l'ouverture en France en 1980 des archives sur la guerre de Libération nationale, l'exploitation des archives de France et d'outre-mer, de celles d'Algérie (fonds d'Alger, d'Oran et de Constantine) ont permis de collecter une masse aussi énorme que précieuse de notes, d'informations, confrontées par la suite aux témoignages oraux de syndicalistes algériens et européens.
L'accouchement d'une fiche biographique (c'est le mot), est loin d'être une évidence. Remises à jour, de jour en jour quand elles ne sont pas partiellement ou totalement remises en cause, les 500 fiches biographiques que compte ce dictionnaire feront l'objet d'une édition algérienne à l'identique. Les éditions Barzakh s'activent pour mettre, dès le mois d'avril, le dictionnaire à la disposition des lecteurs d'Algérie. L'auteur, contraint par l'éditeur français à ne pas dépasser la barre des 600 pages, espère pouvoir introduire dans une seconde édition algérienne, les quelque 1500 notices, «plus courtes ou fort brèves» qui donnent au mouvement social et national algérien toute sa profondeur et son sens, car l'histoire est l'œuvre de figures marquantes et anonymes à la fois.
Espérons que nous en tirerons le plus grand bien pour nous d'abord, mais surtout pour notre histoire nationale mise à mal par la loi du 23 février 2005 portant glorification du fait colonial en Algérie, position que certains candidats à l'élection présidentielle en France continuent à défendre même si actuellement, leur discours est plus nuancé.


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