S'exprimant lors d'une rencontre tenue, jeudi dernier, au palais de la culture Malek Haddad, en présence du wali de Constantine, le président de la SORM, Rachid Djenane, qui vient d'être reconduit pour un autre mandat, a dénoncé ce qu'il a qualifié de graves dérives constatées au sein de la corporation des médecins. Comme pour marquer une prise de position du conseil vis-à-vis de certains praticiens, il a annoncé d'emblée : «L'exercice de la médecine est dorénavant assujetti à une inscription obligatoire au tableau de l'Ordre des médecins. Tout médecin non inscrit sera considéré en situation illégale.» L'allusion est faite au décret exécutif n° 92/276 du 6 juillet 1992, plus connu par le code de déontologie médicale, notamment l'article 204 qui stipule clairement que «nul ne peut exercer la profession de médecin, de chirurgien dentiste, de pharmacien en Algérie, s'il n'est pas inscrit au tableau, sous peine d'encourir les sanctions prévues par la loi ». Une loi qui n'a pas trouvé d'application depuis 1992 pour diverses raisons et qui mènera vers une anarchie indescriptible au point où certains contrevenants sont restés jusque-là impunis. Le président de la SORM évoque aussi, sans pour autant donner de précisions ou de chiffres, des cas de remplacement au noir par des médecins exerçant dans le secteur public, ce qui est formellement interdit par la loi. On apprend que même des médecins du CHU de Constantine se permettent de dépasser les limites du temps complémentaire pour exercer dans d'autres établissements sanitaires, fixé à deux après-midi par semaine. «Une situation qui mène vers un détachement qui ne veut pas dire son nom, ce qui pénalise énormément les services du CHU et influe sur la qualité de la prise en charge des malades», explique le docteur Djenane. Ce dernier n'omettra pas de citer un phénomène assez répandu parmi les médecins cabinards qui «trichent» sur les plaques d'identification en usant de qualifications et de titres trop exagérés, souvent difficiles à confirmer, selon le président de la SORM. Le constat établi reflète un certain malaise au sein de la corporation minée, il faut le dire, par des luttes claniques qui ont surgi au grand jour lors de l'élection en 2005 du conseil régional de déontologie médicale. Pour le bureau de la SORM, l'initiative d'inviter les médecins à des rencontres périodiques sur l'exercice de la médecine est une première étape d'un travail «pédagogique» de sensibilisation envers des praticiens dont la plupart ignorent complètement les dispositions du code de déontologie médicale. «Après ce travail, nous passerons aux actes par l'application de la loi afin de préserver la dignité de la profession », conclut le Dr Djenane, pour signifier que des sanctions seront inévitables à l'avenir et que des médecins seront appelés à «baisser le rideau ».