Paradoxalement, c'est au moment où de nouvelles salles de cinéma ont été érigées et d'autres réhabilitées, notamment au chef-lieu, que le 7e Art continue sa descente aux enfers à Tiaret comme partout ailleurs. Il n'y a que peu de films, absence totale de cinéphiles encore moins de ciné-clubs, jadis catalyseurs de l'activité cinématographique. Une situation toujours expliquée par la dégradation des salles, l'intrusion de la vidéo, les DVD et la parabole, mais ça n'explique pas tout. A Tiaret, de nombreux jeunes de la nouvelle génération ne vouent plus aucun culte pour le cinéma. On ne peut fabriquer un Boudjemaa Karèche ou un Missoum Boumediene pour ne citer qu'eux qui avaient su donner ce plus nécessaire. Le Sersou (ex-Casino) a été totalement repris tout autant que le Tassili (ex-Vox) au moment où le Rex (Atlas), le seul d'ailleurs qui n'a pas fermé ses portes aux jeunes, au pire moment du terrorisme, végète dans l'anonymat après le départ à la retraite de tous ses anciens employés. Des sommes faramineuses ont été dépensées pour la remise en état de ces trois salles sans que cela suscite de l'entrain. Le Sersou, bien situé au cœur de la ville, dispose de 550 places et a coûté 55 millions de dinars mais il y subsiste l'absence d'un statut particulier. Sa gestion, qui revient de fait à l'APC après le désistement du CAAIC d'Alger (décret 94/342), ne s'est pas concrétisée et la salle ne sert actuellement, vu l'absence d'un appareil de projection 35mm, que pour les spectacles, voire les activités politiques. La direction de la Culture avait proposé sa reconversion en théâtre régional, vu l'absence d'un arrêté d'affectation au profit du secteur de la Culture, mais la tutelle continue d'étudier son cas. Pour le Tassili, ou plus communément la salle de répertoire, cette structure, qui constituait le nœud focal du cinéma à Tiaret en dépit d'un projet d'aménagement réalisé en 2002 grâce au plan de relance économique avec une AP de 50,6 millions de dinars, son activité se résume, depuis le 1er novembre 2007, à la diffusion de quelques productions nationales. D'une capacité de 450 places, elle a été rattachée au CAAC (Centre algérien d'art cinématographique) en application du décret 68/611. Située elle aussi au centre-ville, elle reste la planche de salut des cinéphiles et autres nostalgiques, avec deux projections par jour mais avec un public réduit à sa plus simple expression, d'où la lancinante question de sa rentabilité. A ces deux anciennes salles subsiste le sort malheureux réservé au Rex. Bien de la mairie, l'actuel Atlas tombe en désuétude et son seul agent restant continue de supplier les pouvoirs publics de reprendre ce bien, mais sans un retour d'écoute. Il est vrai que le secteur a bénéficié d'autres intéressants projets mais à quoi serviront ces salles si aucune politique cinématographique n'est arrêtée ? La direction de la Culture vient ainsi d'inaugurer une autre salle flambant neuve dans l'enceinte même de la maison de la Culture.