Regrets n Il faut commencer par réhabituer le public à se rendre dans les salles de cinéma et à lui faire aimer le 7e art. Il ne suffit pas seulement d'alimenter nos salles de cinéma en films étrangers, mais aussi et surtout en produits nationaux. Or, l'Algérie n'en produit plus. C'est une problématique complexe. Pour y remédier il est nécessaire de revoir toute la question relative au volet cinéma en tenant compte de tous les chaînons du secteur et en englobant tous les métiers du cinéma. Pour redonner vie à nos salles de cinéma, il faut d'abord commencer par réhabituer le public à s'y rendre, à lui faire aimer le 7e art, donc faire de ces lieux obscurs des lieux de spectacle. Car un film est une performance artistique, un moment de divertissement où la magie opère dans sa splendeur et sa grandeur. Il est la mise en spectacle d'effets sonores et d'images. Aller voir un film, c'est comme aller assister à un spectacle. Cette passion de l'image et du son s'acquiert, a priori, par une éducation qui, elle, commence dès l'enfance, aussi bien dans les écoles qu'au sein de la cellule familiale. De surcroît, pour mettre en place un réseau performant et rentable au plan économique de salles de cinéma à travers tout le territoire national, il faut commencer par s'assurer qu'il y ait un fonds cinématographique, c'est-à-dire se poser la question : qu'est-ce qu'ont doit projeter et présenter au public ? Certainement pas n'importe quoi ! L'apport du produit national est essentiel dans la relance des salles de cinéma. C'est pour cette raison qu'il est nécessaire pour les instances concernées de penser, et sans plus tarder, sans passer par des séminaires ou de groupes de réflexion, à reprendre les choses en main et à redémarrer l'activité cinématographique, et songer également à en faire une industrie et une politique culturelle ainsi qu'une source de revenu.L'Algérie est en mesure de relever pareil défi, puisque les moyens financiers et les talents existent et qu'il suffit juste de les fructifier et de leur donner l'opportunité de mettre à l'œuvre leur compétence, c'est-à-dire libérer les initiatives individuelles. Mais la bureaucratie est telle que tout est bloqué à tous les niveaux, et cela parce qu'il y a carrément absence de volonté politique. En effet, au lieu de s'attaquer directement au problème et de le résoudre définitivement, les politiques se distraient et se fourvoient souvent sciemment dans des considérations, réflexions et arguments qui découragent les investisseurs et à enrayent les initiatives individuelles. Tous les projets relatifs à la relance de la production cinématographique, à la construction de multiplexes comme à la réalisation d'un pôle de cinéma, à savoir des studios, se trouvent alors suspendus ou carrément annulés, soit par humeur politique ou par simple décision irrationnelle. Certains cinéastes déclarent avec regret : «On avait créé un studio algérien à Bou Saâda. Bernardo Bertolucci y avait tourné un film Thé au Sahara qui avait permis au CAAIC de gagner un million de dollars, mais aujourd'hui, ce site est totalement abandonné. On a perdu énormément d'opportunités alors que la Tunisie a créé son studio et le Maroc en a déjà un à Ouarzazate.» l Des associations comme «À nous les écrans» ou «Chrysalide» ou encore «Project'heures» initient régulièrement des séances de projection dans le cadre de ciné-clubs, où de jeunes cinéastes se consacrent avec très peu de moyens et de soutien à la réalisation de court-métrages ou de films documentaires. Les Journées cinématographiques de Béjaïa, organisées annuellement au mois de juin par l'association «Project'heures», constituent aussi un moment fort pour les cinéphiles et les amateurs de l'image. L'Office national de la culture et de l'information, (ONCI), a consacré dans son agenda culturel des séances de ciné-club. Même l'établissement Arts et Culture compte en organiser régulièrement durant l'année en cours. Autant d'initiatives exprimant cette volonté, même si cela se fait avec très peu de moyens, pour maintenir la culture cinématographique dans une dynamique plus au moins constante. Par ailleurs, l'association des réalisateurs professionnels algériens se propose d'organiser en faveur des jeunes passionnés, notamment des étudiants, des stages pratiques dans le domaine de l'audiovisuel, tout comme le festival du film amazigh ou du court-métrage (le Taghit d'or) qui se proposent également de composer des ateliers de formation à la réalisation de films. L'association culturelle «S.O.S Bab El-Oued» initie périodiquement des stages dans le domaine de l'audiovisuel et de la pratique cinématographique. L'objectif de ces stages ou ateliers n'est certainement pas de faire des réalisateurs ou des cinéastes, puisque la formation se révèle courte et insuffisante pour former des professionnels, mais d'inculquer aux uns comme aux autres les rudiments et de leur insuffler l'énergie et la passion pour la fabrication de l'image. En fait, c'est pour élargir le champ d'action en faveur du cinéma.