Jeudi dernier, à la permanence électorale de cette néo-Québécoise, au 2658 Jean Talon Est à Montréal, n'eut été les portraits d'André Boisclair, le chef du PQ, on se serait cru en plein quartier général d'un candidat aux élections législatives algériennes du 17 mai prochain. Ils sont venus de partout pour soutenir la Biskrienne de la métropole québécoise. Le bouche à oreille, Internet (le site algeroweb.com qui regorge de messages de soutien) et le réseau de contacts ont fait mieux qu'une campagne de publicité coûteuse. Les représentants des associations, le député FLN pour les Amériques, l'Asie et l'Océanie, Mohamed Mounir Hamdani, le consul général d'Algérie à Montréal, Abdelaziz Sebaâ, qui n'a perdu aucun de ses réflexes de journaliste ainsi que des sympathisants sont venus encourager et apporter leur appui à la candidate à l'occasion de son investiture. Il était clair que peu leur importait la couleur sous laquelle elle se présente. A tel point que de farouches adversaires du PQ étaient présents. Connue et aimée dans le milieu associatif, cette néo-Québécoise de 37 ans, qui a lancé l'association Le cercle des familles algériennes en 2005 est arrivée au Canada en 1998 avec sa famille et s'est installée au Québec. Sortir voter Mariée et mère d'une fille et de deux garçons, cette licenciée en interprétariat (espagnol) trouve que le terrain politique est un prolongement de son activité sociale. «Je ne vous cacherai pas que j'ai longtemps réfléchi avant de franchir le pas qui mène vers la politique. Je ne voulais pas quitter le terrain du mouvement associatif où je m'étais beaucoup investi. Mes collègues au sein du parti et mon entourage ont fini par me persuader que lorsqu'on a choisi de servir sa société et ses concitoyens, on peut le faire à partir de n'importe quelle position», a-t-elle affirmé lors de son discours qui a été interrompu à plusieurs reprises par de longs youyous en présence de Viviane Barbeau, députée fédérale du Bloc québécois et de Martin Lemay, un de ses collègues au PQ. Epaulée par Malik Hadid, son directeur de campagne et de Lamine Foura son responsable de la communication ainsi que Abdelkader Kechad, son attaché de presse, Naïma Mimoune a lancé un appel à la communauté maghrébine pour sortir voter : «Je demande aux Maghrébins de sortir voter. Ce droit est leur force. Ça va faire la différence, j'en suis convaincue.» Pour ceux qui lui reprochent d'être venue sur le tard au PQ, elle rétorque qu'elle est dans l'entourage du parti depuis près de 2 ans. Elle a été l'organisatrice technique de l'investiture de Lisette Lapointe, la femme de l'ancien Premier ministre québécois Jacques Parizeau. A une question sur le racisme, Naïma Mimoune «ne pense pas que la société québécoise soit raciste. Certes, il y a des discriminations qui peuvent s'expliquer par différentes raisons, dont le racisme». Le Parti québécois avait le choix entre deux candidats algériens pour cette circonscription, Naïma Mimoune et Farid Salem, un militant de longue date au sein du parti souverainiste. Mais la direction actuelle du PQ semble ne pas avoir pardonné à ce dernier d'avoir soutenu Pauline Marois contre André Boisclair lors de la course à la chefferie du parti. Celui-ci a connu une mini-secousse, l'automne dernier, lorsque deux membres de son exécutif ont démissionné pour protester contre la faible représentativité des immigrants en son sein. D'aucuns soupçonnent le Parti québécois de faire appel aux minorités justes pour leur donner des rôle de service. Naïma Mimoune, lucide, affirme que si elle était l'immigrante ou l'Algérienne de service, elle aurait eu un comté gagnant. Et si le PQ ne jouait pas et donnait des comtés perdus d'avance aux immigrants, juste pour redorer son blason dans un sorte d'opération de communication ? La réponse nous l'avons trouvée chez un observateur de la vie politique québécoise qui a affirmé que l'implication est plus importante que la victoire, en rappelant que René Lévesque, le fondateur du PQ «s'est fait ramasser lors de deux élections avant de devenir Premier ministre». La circonscription (comté) de Naïma Mimoune — Viau — a été un bastion libéral pendant 25 ans. Il est composé de Québécois de souche, de Haïtiens, d'Italiens et de Maghrébins. Ces dernières années, il y a eu un mouvement démographique. Les Maghrébins se sont installés et les Italiens se sont déplacés ailleurs. Cela la rend optimiste. «Je me suis engagée pour gagner», a-t-elle affirmé. D'autres youyous risquent d'être poussés le soir du 26 mars !