Ce genre apparu dans les années 1920 a connu une traversée du désert dans les années 1970 pour tomber dans l'oubli pour quelques décennies. Après des chemins artistiques différents dans des troupes, telle qu'El Hasnaoua ou Essed, les membres d'El Ferda se sont retrouvés afin de créer le groupe qui remettra le style au goût du jour. Jeudi soir, la salle Ibn Zeydoun, à Riad El Feth, pleine à craquer, a accueilli la troupe pour un concert après plusieurs mois d'absence. Zaïdi Hocine et son groupe ouvrent la soirée avec Hali M'henni, une nouveauté appréciée par l'assistance, inspirée d'un poème sur Cheikh M'hamed Ben Bouziane, cheikh de la zaouïa Ziania. La soirée continue au son du banjo, instrument ajouté par le leader du groupe, comme un clin d'œil à Allal de Nass El Ghiwan, grand symbole de son époque, pour des chansons inspirées du melhoun et du chaâbi marocains. Puis, la fosse de la salle est envahie par le public entraîné par les rythmes effrénés des percussions et des qraqeb. Après ce tour de danse, les organisateurs, à leur tête Loubna et Imad, interviennent pour désengorger la fosse et permettre aux familles présentes, en grand nombre, de profiter du spectacle. S'en suivit la chanson Salam où s'était distingué Lahcen le violoniste ainsi que Larbi, chanteur et luthiste. Les premières notes de Ya karim el kourama replongent le public dans l'atmosphère mystique de ce poème du XIXe siècle, écrit par Sidi Kaddour El Alami, grand juriste marocain. Après plus d'une heure et demie de spectacle, le groupe répond enfin à la requête de ses fans qui réclamaient la chanson Ben Bouziane, dont les premières notes provoquèrent une grande euphorie dans la salle. A la fin de la chanson, la moitié des artistes troquent leurs instruments contre deux tambours, une ferda et des qraqeb pour la partie la plus spectaculaire et la plus rythmée de la soirée. Pour la troupe, cette soirée signifie aussi un test pour leur nouveau produit qui sera sur le marché dans les plus brefs délais.