Ce n'est, certes, pas le ravissement exprimé en mai 2004 par George Bush suite à la seconde victoire de Bouteflika mais ça y ressemble… La déclaration-réaction du porte-parole du département d'Etat, Richard Aker, consécutive à la réélection de Bouteflika pour un troisième mandat, est plus un soutien qu'une critique de la part des Etats-Unis. A moins de vouloir forcer la lecture, en s'attardant sur cette « préoccupation » américaine toute sympathique à l'égard des partis boycotteurs, l'Administration Obama semble avoir donné son blanc-seing à Bouteflika acte III. « Tout d'abord, nous serons heureux de coopérer avec le président Bouteflika, alors qu'il entame son troisième mandat (…) Nous voulons coopérer avec lui au moment où il poursuit ses réformes économiques et politiques et la réconciliation qu'il a entamée lors de ses premiers termes », a en effet précisé le porte-parole du département d'Etat. On relèvera, donc, une satisfaction américaine de pouvoir « coopérer » pour un troisième bail avec Bouteflika sans aucune réserve. Ensuite, les Etats-Unis reconnaissent au néo-président algérien d'avoir entamé des réformes « économiques et politiques » et précisent qu'ils entendent l'aider à les « poursuivre ». Cela constitue une suite logique du message de George Bush en mai 2004. L'ex-président des Etats-Unis avait, en effet, écrit ceci : « Maintenant que vous avez un large mandat d'action, j'espère vivement voir un progrès politique, économique et diplomatique se développer en Algérie et j'accueille favorablement un partenariat continu à cette fin. » Les Etats-Unis, par la voix du porte-parole du département d'Etat, viennent ainsi appuyer l'argumentaire officiel selon lequel le troisième mandat visait à « parachever les réformes ». Mieux encore, les Américains évoquent pour la première fois le concept de réconciliation nationale, qui ne faisait pas partie de leur dictionnaire politique et diplomatique. Blanc-seing C'est un fait nouveau qui mérite d'être souligné, à savoir que l'Administration américaine a fini par intégrer ce mécanisme algérien de lutte contre le terrorisme comme méthode à encourager. Cette prise de position donne déjà le ton à la position officielle que ne manquera pas d'exprimer l'Administration de Barack Obama. Le porte-parole du département d'Etat, en réponse à la question d'un journaliste lors du briefing quotidien, a bien sûr mis un petit bémol, qui voudrait que les Etats-Unis soient toujours regardants sur les « méthodes ». Mais il promet juste que ce problème devrait être réglé, le cas échéant, avec le gouvernement de Bouteflika, une prochaine fois. « Nous avons connaissance de plaintes et du fait que certains partis de l'opposition ont boycotté l'élection et nous coopérerons avec le gouvernement algérien pour régler ce problème », a-t-il précisé, sans pour autant remettre en cause la victoire du président candidat . « Nous sommes préoccupés par ces questions et nous souhaitons que le gouvernement y réponde, mais pour l'instant, nous ne voyons aucune raison de ne pas croire que nous allons continuer à coopérer avec le président (Bouteflika). » Ainsi les Américains expriment-ils bien des « préoccupations », mais celles-ci, ne sauraient remettre en cause cette chère « coopération » avec le président Bouteflika. Le département d'Etat se contente de formuler le « souhait » que le gouvernement algérien « réponde à ces questions ». Une nuance qui dénote un pragmatisme politique pur jus. Cela étant dit, il serait intéressant d'entendre la réaction du président Barack Obama. Le jeune président des Etats-Unis avait, on s'en souvient, prononcé une sorte d'oraison funèbre contre tous les dictateurs du monde lors de son discours d'investiture. « A ceux qui s'accrochent au pouvoir par la corruption et la tromperie, sachez que vous n'allez pas dans le sens de l'histoire, mais sachez aussi que nous vous tendrons la main si vous êtes prêts à relâcher votre emprise. » Abdelaziz Bouteflika fait-il partie de ceux qui étaient ciblés par Barack Obama ? Le paradigme américain de la démocratie est tellement élastique qu'il ne faudrait pas miser là-dessus un dinar. Ce qui est valable au Soudan ne l'est pas forcément en Algérie ou en Egypte. Mais avec Barack, « R » Obama !