– Taieb Ezzraimi, Président du CEIMI : «Une affaire de volonté politique» – "La mise en œuvre de la nouvelle stratégie industrielle sera avant tout une affaire de volonté politique. Je serai d'avis pour unifier le pilotage de sa mise en œuvre en confiant toutefois le suivi d'exécution à un comité de suivi dont ce serait la fonction pérenne durant toute la période de mise en œuvre du plan stratégique. Je tiens à féliciter le ministère des Participations et de la Promotion des investissements qui a fait un travail sérieux et notre souhait est que cette stratégie une fois retenue avec les recommandations des différents acteurs présents aux assises soit rapidement mise en application. Il faudrait également mettre en place les institutions qui seront chargées du pilotage du projet en veillant à les confier à des hommes ayant de réels pouvoirs de décision. Sans cela, la bureaucratie ne tardera pas à mettre en péril cette stratégie comme elle l'avait fait pour bien d'autres projets. La mise à niveau de nos administrations, notamment celles chargées de l'économie, est urgente et le CEIMI l'a revendiqué, haut et fort, à plusieurs reprises. Car en l'état actuel des choses, notre administration semble beaucoup plus organisée pour mettre en péril l'investissement qu'à le promouvoir." – Youcef Benabdellah, Professeur d'économie et Chercheur : «Il faudrait aller vers l'institution du plan» – "Le pilotage de la mise en œuvre sera confié à des institutions bien identifiées et dont les rôles sont bien définis. Le problème, du reste évoqué dans le document, est de savoir comment rendre ces institutions effectives sur le terrain. Des commissions installées par le chef du gouvernement auprès des différents ministères concernés et nous sommes déjà en train de proposer au gouvernement les nouveaux instruments de mise œuvre. Jusqu'à maintenant nous avons eu des institutions de stabilisation économique imposées par le FMI, mais aujourd'hui, nous sommes dans une perspective de relance. Les institutions actuelles sont à mon sens dépassées et il s'agit d'en adapter de nouvelles à la stratégie qu'on veut mettre en œuvre. Il faudrait aller vers la création d'un ministère de l'Economie et l'institution du plan. Il n'y a pas encore d'effectivité à ce niveau mais je pense que cela va bientôt venir. L'essentiel aujourd'hui est de sortir de la trappe dans laquelle nous a mis la politique de stabilisation pour aller plus résolument vers la relance." – Theodore Ahlers, Directeur Afrique du Nord et Moyen-Orient (Banque mondiale) : «Eviter de renouer avec les mauvaises expériences du passé» – L'économie algérienne avait besoin d'une vision stratégique et c'est très bien qu'elle en ai une. Mais il me semble qu'il y a encore beaucoup de choses à faire au niveau transversal où il existe de nombreux dysfonctionnements entre le secteur économique et l'administration. On en a d'ailleurs beaucoup parlé lors de ces assises, comme vous l'avez certainement constaté. Il y a encore plein de choses à faire à ce niveau pour améliorer le climat des affaires et il faudrait à mon sens accorder la priorité à la résolution de toutes les questions liées à l'environnement des entreprises. Les questions de l'accès au foncier industriel, le fonctionnement des ports, des douanes sont posés. Au niveau du secteur financier il reste également beaucoup à faire. L'important est de remédier à ces faiblesses qui sont du reste bien identifiées, car c'est là qu'on peut obtenir les gains les plus rapides. S'agissant des entreprises publiques à intégrer dans les pôles de compétitivité, forte de son expérience, il ne faut surtout pas que l'Algérie renoue avec les mauvaises expériences du passé. L'Algérie ayant plein de potentiels, mal ou pas du tout, utilisés, la bonne politique industrielle sera, à notre avis, celle qui permettra aux algériens d'optimiser les énormes potentiels dont leur pays dispose."