Ce n'est pas parce qu'il y a une difficulté à trouver les repères dans un contexte de crise financière et même de crise économique qu'il va falloir faire l'économie d'une stratégie industrielle. Il est certes difficile, mais peut être pas impossible de concevoir une stratégie industrielle même quand il y a un manque de visibilité sur le devenir des entreprises publiques, sur le niveau de partenariat et l'identification des opérateurs étrangers qui y seront impliqués, sur le futur quantitatif de nos ressources qui financeront cette stratégie. Il est vrai que les objectifs fixés sont immenses et nouveaux, notamment quand il s'agit de rendre nos universités compétitives dans leurs relations de recherche en partenariat avec les entreprises. Organiser un partenariat dans la recherche est déjà un exploit, depuis que l'on en parle et que rien n'y est fait, c'est-à-dire depuis des décennies. Nous savons bien que dans ce domaine particulier, les entreprises ne sont pas autant compétitives, les universités ne sont pas trop associées à la recherche au service de l'entreprise ; d'ailleurs, pratiquement aucune entreprise publique, encore moins une entreprise du secteur privé, à part à un certain degré dans le secteur énergétique, n'a de contact sous forme d'accord de partenariat avec l'université pour ce qui concerne la recherche appliquée. Ce n'est pas parce que les étudiants font des stages en entreprise pour faire leur mémoire que l'on va assimiler cela à de la recherche conjointe. Quand bien même l'on se pose la question du financement de la stratégie industrielle et des secteurs à y impliquer, et que l'on se demande comment concevoir celle-ci dans un contexte où la dépense publique risquerait de ne pas retrouver le niveau de ces dernières années, où la mise à niveau des entreprises n'est pas garantie dans son effectivité et qu'elle risque de s‘inscrire dans la durée, une durée assez excessive par rapport aux exigences de l'entrée dans l'économie de marché, il ne faudrait quand même pas faire l'économie d'une réflexion sur les éléments constitutifs d'une nouvelle stratégie. Faudrait-il reculer devant les difficultés uniquement parce que certains se demandent comment la concevoir dans un contexte où l'Algérie « se bat » pour quitter les rives de l'économie administrée sans encore atteindre l'autre rive, celle de l'économie libérale, de l'économie ouverte, celle du marché ouvert, de la suppression des frontières pour la circulation des marchandises qui proviennent de l'étranger, mais assez difficile pour nos produits qui voudront se placer sur des marchés extérieurs ? Entrer en économie de marché équivaudrait-il à une entrée dans une concurrence sans pitié et où il y a fatalement comme victimes nos entreprises et notre industrie. Une guerre où tout est connu d'avance ? Faudrait-il y aller avec empressement sans mettre tous les atouts de notre côté ? Mais quels atouts sans stratégie industrielle ? Nos entreprises, auront-elles vraiment le temps d'apprendre à resserrer leurs coûts, à rogner sur leurs marges pour survivre, à investir dans la recherche et développement pour améliorer la qualité et les performances des produits, de faire comme les autres entreprises orientées vers le seul profit et qui investissent là où il y a des parts de marché à prendre et où la main-d'œuvre ne coûte pratiquement rien ? N.B